Le Jonc du sourd - Récap #45 #46 #47 #48 #49 #50 #51 #52

8 semaines de Jonc d'un coup ! Ça donne envie de pleurer un peu...



Harvey Mason - What's Goin' On (1977)

Dimanche, en fin de journée dans une brocante parisienne, sur le stand de vinyls de Denis, les doigts fouillent les bacs. Une pochette d'Harvey Mason détourne la marque de conserve PRESTO - Supreme Mason. Au dos de la pochette de Funk In A Mason Jar les crédits impressionnent comme l'affiche du film Expandable. Dorothy Ashby, Bob James, Dave Grusin, Phill Upchruch, les cuivres de Tower Of Power, Lee Ritenour... Un hall of fame du Jazz Funk dont ont doute qu'il puisse tenir sur une seul galette. Mais en tassant un peu dans chaque titre, Harvey Mason y parvient. Dans cette reprise de What's Goin' On de Marvin Gaye, il incruste George Benson qui est venu avec son bassiste Stanley Banks, le pianiste Ronnie Foster  et Jorge Dalto aux percussions. On apprend aussi qu'en plus de la batterie, Harvey Mason tâte du vibraphone.

LP : Harvey Mason - Funk In A Mason Jar - Arista - 1977


Gangs Of Four - Damaged Goods (1979)

Une basse qui groove plus qu'à l'habitude, une guitare syncopée et un anglais en colère. Ça a la couleur du punk mais il manque l'odeur. Le son est trop propre, presque funky. D'aucun appelle ça du post-punk.
Quand ils fondaient le Gangs Of Four, en référence à une bande de communistes chinois, les quatre étudiants de Leeds étaient les précurseurs de ce punk légèrement funkifié. En 1979, l'équipe sort Entertainment ! son premier album chez EMI, dont ils ne tarderont pas à se faire virer. Malgré un succès commercial mitigé, l'influence du groupe est reconnue. On y trouve du Franz Ferdinand avant l'heure et Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers, revendique l'impact des quatre Anglais sur sa musique.

LP : Gangs Of Four - Entertainment - EMI - 1979


Brass Construction - L-O-V-E-U / Wake-Up (1977)

Une cocotte de guitare qui, telle l'essence du groove, semble tourner depuis l'origine des temps Funky. Quelques lyrics habillement scandés entre deux altercations cuivrées sur lit de corde. Le cocktail des new-yorkais de Brass Construction est dosé au millilitre. Changez les alcools, gardez les proportions et vous obtiendrez une nouvelle track, toujours aussi groovy !
Sinon, quand elle ne conçoit pas des burins a dancefloors, l'équipe de Brass Construction te donne du love sous la forme d'une balade smooth et mielleuse. Alors "Réveille toi !" Ouvre ton cœur et laisse entrer le soleil dans ta journée neuve et douce. Les amateurs apprécieront...

LP : Brass Construction - III - United Artists Records - 1977


EPMD - Da Joint (1997)

En 1997, les deux moitiés de EPMD, Erick Sermon et Parrish Smith, se retrouvent après avoir splitté pendant quelques années. C'est ce que racontent Da Joint, son clip - et l'album où il figure, Back In Business - dans une mise en abime humoristique. Erick Sermon (et Rockwilder) produisent un beat aux petits oignons pour soigner leur come-back. La boucle est construite sur quelques notes mélancolique de harpe  empruntées à Gladys Knight and the Pips, quelques vocalises d'Aretha Franklin, et le old shool That's the Joint, des Funky Four plus One. Deux ans plus tard, le duo sortira un dernier album chez Def Jam, Out of Business, en toute logique.

LP : EPMD - Back in Business - 1997 - Def Jam Records


Bob James - Night On Bald Montain (1974)

Intensité, tension, poursuite... On inspire un grand coup et on laisse passer la déferlante de six minutes. L'orchestre fougueux avale les arrangements de cette adaptation de la Nuit sur le mont chauve - Poème symphonique de Moussorgski dont on doit l'orchestration la plus célèbre à Rimski-Korsakov -.
De break en break, Steve Gadd saigne des mains sur ses baguettes pour donner la cadence endiablée. Et quand tout pourrait se calmer, le Fender Rhodes te poursuit et maintien la pression. Rompu à l'exercice des réorchestrations de thèmes classiques, Bob James sait faire groover les œuvres et évite les écueils qui ont conduit le Rondo Veneziano aux portes de l'enfer.

LP - Bob James - One - CTI Records - 1974


Nick Ingman - Trick Nicky - (1976)

Petit détour dans le monde de l'illustration musicale. Celui de l'Anglais Nick Ingman. Comme tout britannique qui traine ses arrangements et ses compositions dans la library music, Nick Ingman a son nom associé à quelques galettes vertes du label KPM. Ici, l'inspiration de Dark Side Of The Moon de Pink Floyd est incontestable. La longue intro de Tricky Nicky rappelle celle de Time, les horloges en moins. Et les volutes de clavier, vers 2 minutes 40, s'apparentent aux mélodies jazzy grâce auxquelles Rick Wright - le brillant clavier du Floyd à qui on ne rend pas assez hommage - apportait le jazz progressif de l'album au prisme. Puis le solo de guitare nous replonge dans l'ambiance des libraires musicaux avant de retourner au Floyd par un solo de saxophone sur lit de piano.

LP : Nick Ingman - Terminator - Columbia - 1976


The Roots - Thought @ Work (2002)

En 2002, les Roots sortent Phrenology, une galette qui sera appréciée pour sa grande diversité d'influences. Sur Thought @ Work, le crew de Philadelphie revisite ses classiques. Sur le break de batterie de Apache de Incredible Bongo Band, quelques pêches de cuivres et une guitare qui sature, Black Thought pose son flow et occupe l'espace. C'est cadencé, sec et épuré. Une prod Ahmir "Questlove" Thompson. 

LP : Phrenology - The Roots - 2002 - MCA Records


The Jacksons - Lonely One (1981)

Les cinq frères Jacksons ont déjà bien bourlingué en 1981. Il ont quitté la Motown depuis quatre ans déjà. Laissant au label de Detroit la propriété du nom Jackson Five et un frère acoquiné avec la fille du patron. Cinq moins un égal cinq ! On compte comme ça chez les Jackson - Randy, le petit dernier à remplacé Jermaine -. Quant à Michael, le leader du groupe à déjà lancé sa carrière de "Jackson One" avec cinq albums solo. Il a surtout ouvert l'ère Quincy Jones avec le dernier en date, Off The Wall sorti en 1979. Les J5 n'ont plus grand chose à prouver. En 1988, Le magazine Rolling Stone classe le Triumph Tour dont ce Lonely One est extrait parmi les 25 meilleures tournées desdeux décennies précédentes. Quelques années plus tard, les carrières solo - surtout celle de Michael - séparent le groupe après un bref retour de Jermaine.>

LP : The jacksons - Live - Epic - 1981
LP : The Jacksons - Triumph - Epic - 1980


The Pharcyde - Drop (1995)

La petite merveille Labcabincalifornia des californiens de The Pharcyde est sorti en 1995. Quasi intégralement produite par Jay Dee, la galette en tire un grosse partie de son groove irrésistible. Sur Drop, le titre phare de l'album, l'image s'ajoute à l'appareil sous la forme d'un clip réalisé par Spike Jones pour une belle terrine. Le bazar est capté à l'envers (ou à reculons), en commençant par la fin, avant d'être remis à l'endroit. Une idée pas classique à l'époque reprise depuis. Imani, Slim kid3, Bootie Brown, and Fatlip s'insèrent à merveille sur le gros kick de batterie et une belle ligne de basse. le gimmick contagieux "mmm...drop" est emprunté au Beastie Boys. Une bonne recette musicale du gourou Jay Dee.

LP : Labcabincalifornia - The Pharcyde - 1995


Tricatel RSVP - Dernier métro feat. Fuzati (2015)

Pour les 20 ans de son label Tricatel, Bertrand Burgalat a enfermé son équipe de musiciens, durant cinq jours, dans un studio parisien. Leur mission : jouer. Jouer jusqu'au plaisir, jusqu'à la création. Sans écriture ni préparation. Sans chemin tracé, ils ont bœufé et la mayonnaise a monté. Pour personnaliser ses live sessions, Tricatel a invité les copains qui gravitent autour du label.
On a choisit le titre interprété par Fuzati. En apnée, le rappeur au masque évoque, désabusé, la tristesse de l'homme qui a baisé sans amour. "Je ne fume pas". Puis la rue et ses ombres. Fuzati vaut mieux qu'elles. "Ils acceptent leur sort comme si la mort était un choix qu'il suffisait de ne pas faire". Le couplet, dense et intense se touche la fin. Fuzati rend la musique, tâte le Rhodes et le dernier métro le conduit vers l'abattoir. "Je ne fume pas. Non, je ne fume pas !"

LP : Various artists - Tricatel RSVP - Tricatel - 2115


Bernard Wright - Just Chillin' Out (1981)

La tignasse est épaisse, le survet' brillant et la converse apparente.  Le jeune Bernard Wright affiche fièrement ses années 1980 sur la pochette de Nard, son premier album solo. Le claviériste, rejeton de Roberta Flack, n'a que 18 ans quand il sort cette galette devenue incontournable dans l'histoire du jazz funk. Produit par GRP, le label de Dave Grusin et Larry Rosen, le disque foisonne d'ambiances, de la P-Funk au jazz en passant par le rap naissant. Le jeune Bernard, entouré de Marcus Miller, Dave Grusin ou encore Don Blackman, impressionne par la maturité de son jeu et de ses arrangements. Masterpiece !

LP : Bernard Wright - Nard - GRP - 1981


Jurassic 5 - Jayou (1997)

Jayou c'est un extrait du premier LP de Jurassic 5. Cut Chemist et DJ Nu-Mark distille une boucle de flute funky (empruntée à Pleasure Web) sur un beat balourd. Un titre simple, efficace et délicieusement old-school, présent sur le premier volume de l'excellente compilation du label Rawkus, Lyricist Lounge un an plus tard.

LP : Jurassic 5 - Jurassic 5 - Pan - 1998


Rush - YYZ (1981)

Des malades ! Ces types sont des malades ! En plus d'être de fins techniciens - un poil démonstratifs - les musiciens de Rush planquent des messages, des codes et des trucs de druides un peu partout dans leur musique. Ça se fait dans le rock progressif. Dans ce morceau, par exemple, ils utilisent une mesure en 5/4 dans l'introduction. Mesure impaire, peu utilisée dans le rock et que l'on trouve parfois dans le rock prog, influencé par le jazz. La raison de ce choix de mesure est quant à elle plus surprenante. YYZ, le titre du morceau, est le code d'identification de l'aéroport de Toronto au Canada, non loin de la ville d'origine des musiciens de Rush. Et, lorsque l'on écrit ce code en morse (-.-- -.-- --..), qu'on le transpose en rythme et que l'on répète le schéma, on obtient une mesure en 5/4... Des malades on vous dit !

LP : Rush - Moving Pictures - Anthem Records - 1981


The Doors - Riders On The Storm (1971)

Sur un linceul de Rhodes, Jim Morrison et son spleen délicat sonnent le glas des passagers de la tourmente.

Gloire aux mélancoliques ! Discrets et attachants. A leur tristesse, douce et séduisante. Encombrante. 
Comme la goute d'alcool sur une plaie trop profonde, les Doors, ça remue un peu l'âme et ensuite, ça soigne.


 Parlez du bon côté, aujourd'hui le jonc est à demi sourd...

LP : The Doors - L.A. Woman - 1971 - Elektra

Ce Jonc est dédié à @Alfdeaf. Un ami.


Jonc du sourd de @Alfdeaf le 23 mars 2015
The Budos Band - Into the Fog (2014)

Cheng s'enfonce dans la brume à pas déterminés, sur le chemin qui serpente vers la dent du Dragon albinos. Grâce à ses écouteurs il s'injecte Into the Fog, par le Budos Band, de l'école Daptone. Ça fortifie son âme et son besoin de justice expéditive. Il a encore dans la bouche le goût des cendres de son village, rayé de la carte par la horde du vil Shifu-mi, de l'école Pierre Feuille Ciseaux. Alors qu'il aperçoit la forteresse du Poulpe flottant, réputée imprenable, son sang fait 45 tours dans le sillon de sa colère. Son poing serre le pommeau du sabre hérité de son grand-père. Les sbires de Shifu-mi ne sont plus très loin. Avec la force jazz-funk du Budos dans les oreilles, nul doute qu'il va en faire du boudin. C'est décidé : ces gros bâtards il va les fumer jusqu'au dernier.

LP : The Budos Band - Burnt Offering - Daptone Reocrds - 2014


Sharon Jones & The Dap-Kings ‎- Without A Trace (2011)

La soul sensuelle et délicate de Sharon Jones habille le lundi d'un manteau juste chaud. Le cuir épais protège tandis que la doublure de soie distille le souvenir d'un lit encore tiède. La diva de l'écurie Daptone, entourée de ses indispensables Dap-Kings, ensorcèle de sa voie douce et puissante. Autour d'elle, une guitare acoquinée à un piano aux doigts légers tiennent les couplets avant les envolées de cuivres puissants, baryton en tête. Avec ses productions simples et soignées, le label de Brooklyn continue de faire vivre la soul nouvelle.

LP : Sharon Jones & The Dap-Kings ‎– Soul Time! - Daptone Records - 2011


Nas - The World Is Yours (1994)

The world is yours c'est d'abord une réplique de Scarface, celle d'un rien du tout devenu caïd de sa cité. Sur son premier album Illmatic, Nas la fait sienne et prend le posture du petit qui va manger la grosse pomme.
Le track est produite par le pape du boom bap, Pete Rock qui emprunte une boucle de piano mélancolique à Ahmad Jamal. Nasir Jones met des rimes dans des rimes et flotte sur la compo jazzy du Soul Brother #1. Who's world is this ?

LP : Illmatic - Nas - Columbia - 1994


Prince Far I & The Arabs - Ghardaia Dub (1978)

Sonné, groggy, les idées se mélangent. Elle rebondissent et se cognent comme sous l'effet de la réverb et de la delay de ce gros dub de Prince Far I & The Arabs. Heureusement, la basse est en marche. Le pas sûr, elle te guide lentement, tandis que la batterie te tient la main. Toutes tes têtes semblent balancer à l'unisson. Un temps. Mais tu es la, peuple de la bulle et des tanins. Tu continues de parler fort sur les trottoirs de ta ville. Le doigt levé, tu as peur mais ne cède qu'à une seule pression, celle dans ton verre. Rien n'a changé. Tout a changé.

LP : Prince Far I & The Arabs - Cry Tuff Dub Encounter Chapter 1 - 1978 - Hitrun Records


Bobby Hutcherson - Ummh (1971)

Et si on se détendait un peu ? Relaxé du tympan et détendu du gland, à peine réveillé en sirotant son premier café, c'est Bobby Hutcherson et son vibraphone qui servent une tartine de jazz voluptueux qui vient provoquer un Ummh satisfait et réparateur. Il se pose là, sur une belle ligne de basse régulière et Harold Land se joint à la fête accroché à son saxo. Ummh sort sur l'album San Francisco, en 1971 chez Blue Note.

LP : San Francisco - Bobby Hutcherson - 1971 - Blue Note


Daryl Hall & John Oates - Lady Rain (1973)

Un régime d'influences varié et équilibré pour une digestion musicale toute en douceur. Tel est le conseil de diététique des oreilles que nous livrent Daryl Hall & John Oats. Le duo, originaire de Philadelphie a digéré la soul, le rock et la pop, le tout relevé à la sauce Sweet philly et ça passe bien. Les productions sont soignées et bien moulées. Les parties de guitares, mandoline et voix sont assurées par John et Daryl. Du côté de la base rythmique, Hall & Oats se sont offert les services du percussionniste Ralph McDonald - habitué des production Kudu, ente autres - et du batteur Bernard Purdie - habitué de toutes les productions qui groovent de prêt ou de loin - Une bonne idée.

LP : Daryl Hall & John Oates ‎– Abandoned Luncheonette - Atlantic - 1973


George Benson - White Rabbit ( 1971)

"Quand elle arrive cette note fantastique, quand le lapin arrache sa propre tête, je veux que tu balances cette saloperie de radio dans la baignoire, avec moi."

Les amateurs embrumés auront reconnu la funeste requête de Dr Gonzo à Raoul Duke, dans le film Las Vegas Parano de Terry Gilliam. Cette note fantastique que réclame l'infâme drogué au LSD, incarné par Benicio Del Toro, alors qu'il est plongé tout habillé dans une baignoire d'eau sale, cette note fantastique qu'il réclame conclue la montée de la version originale de White rabbit par Jefferson Airplane.

La reprise de George Benson reprend la structure grimpante de l'originale et lui apporte un effet de course en avant, de fuite. Les chorus de succèdent : la guitare de Benson, le Rhodes de Herbie Hancock, la flute d'Hubert Laws, sur la batterie de Billy Cobham et la basse de Ron Carter. Les arrangements de Don Sebesky s'amuse de la structure Hispanisante de la chanson jusqu'à l'apothéose de l'orchestre, "quand le lapin arrache sa propre tête..."

LP : Georges Benson - White Rabbit - CTI - 1971


Voyage - Latin Odyssey (1977)

Les requins de studios prennent les choses en main ! En 1977, Slim Pezin (guitare), Marc Chantereau (claviers) et Pierre-Alain Dahan (batterie), trois copains habitués des studios parisiens dans les années 1960 et 1970, décident de créer leur formation disco, Voyage. Alors cantonnés aux sessions de la variété française à laquelle ils apportent une réelle valeur ajoutée, ces artistes méconnus du grand public et reconnus par leurs pair, comprennent qu'a une époque ou l'industrie du disque est florissante, leur part du gâteau peut être plus conséquente. Pari réussi, puisque le premier album à contribué à quelques brûlures de dancefloors à travers le monde entier.

LP : Voyage - Voyage - Sirocco - 1977


Tonio Rubio - Bass In Action n°2 (1973)

De la chair à Breakbeat ! Ce titre du bassiste Tonio Rubio brille par sa production. Arrangements minimalistes et prise de son fabuleuse. Le rhodes caresse la grosse basse jusqu'à l'entrée de la caisse claire dont chaque attaque résonne comme une gifle douce. Sortie en 1973 sur le label français de musique d'illustration, Télé Music, cette Basse en action n°2 connait une version n°1, sans la voix. Disponible sur le même et recherché Télé Music numéro 34, on la retrouve également sur l'excellente compilation 69, année mélodique, sortie en 2014 chez Fanon records.

LP - Tonio Rubio - Rhythms (34) - Téle Music - 1973


Albert King - 'Til My Back Ain't Got No Bone (1974)

On se détend sept minutes en écoutant le blues groovy et lancinant d'Albert King. Sur l'album I Wanna Get Funky sorti en 1974 chez Stax - temple de la soul parfumée à la sueur sudiste - Le guitariste roi est accompagnée des Bar Kays et des Memphis Horns, backing band maison du label de Memphis, quand le studio n'est pas occupé par Booker T et ses MG's. Albert nous livre un blues tout en retenu et voix susurrée. C'est lent, chaloupé, chaud et rassurant...

LP : Albert King - I Wanna Get Funky - Stax - 1974


Gene Ammons - Jungle Strut (1970)

En 1970, sur Jungle Strut - et l'album Brother Jug - Gene Ammons veut prendre un virage funk.  Le polyvalent saxophoniste de jazz s'entoure de Billy Butler à la guitare et Bernard Purdie à la batterie pour un groove à la cool. Sur une ligne de basse irrésistible, le bon Gene insère son solo lancinant entre des rythmiques imperturbables guitare-batterie. Un lichette d'organ pour finir. Merci pour le groove.  

 LP : Brother Jug - Gene Ammons - Prestige - 1970


Johnny "Hammond" Smith - Shifting Gears (1975)

Quand on s'appelle John Robert Smith, qu'on sait y faire avec un clavier et qu'on fait dans le jazz-funk, il faut se trouver un surnom qui claque. En toute logique, ce bon John choisit "Hammond", du nom de son joujou préféré le Hammond B-3. Entouré des producteurs touche-à-tout du funk, les frères Mizell, sur Shifting Gears, Johnny "Hammond" Smith livre une belle partition d'un groove coquin, samplé avec bonheur par les rappeurs US pendant quelques décennies.> 

LP : Johnny Hammond Smith - Gears - Milestone - 1975


Jorge Dalto - Listen Up (1988)

Ah ! Le jazz funk des années 1980 ! Après avoir offert au monde la chaleur des productions des années 1970, les meilleurs musiciens de la fusion mettent leur talent au service de grooves a la saveur acide jaune fluo.
Une couleur musicale, datée depuis ses premiers tours de platines, mais appréciée de certains amateurs masochistes. Jorge Dalto est un de ces jazzeux de la transition (vers quoi ? ...). Ce pianiste argentin, arrangeur pour George Benson, qui collabora avec Grover Washington Jr. ou encore Fuse One - dream team 80's forgée avec ce qu'il restait de pointures chez Un CTI moribond - commis quelques perles de ce genre à apprivoiser.

LP : Jorge Dalto - Listen Up! - Gaia Records - 1988


Odezenne - Tu Pu Du Cu (2011)

"Tu sues sur l'instru !" On revient rapidement sur ce superbe clip d'Odezenne, réalisé par Romain Winkler et la team Oktome.
Des têtes de clowns angoissantes, un jeu de carte à l'effigie des grands MCs de ce monde , le tout mis en scène dans un fond de bistrot parisien. Une bataille d'égo. Figure imposée du rap game, Odezenne se plie à l'exercice et répond "c'est moi" à la question : "Qui Qu'a la plus grosse ?"
Le titre était un inédit disponible sur l'édition Louis XIV de l'album O.V.N.I. 
"Laisse moi tiser mon mojito p'tit Kirikou; Va louer ton style à Kiloutou [..] T'es stupéfieant. Moi je te roule, je te fume."

LP : Odezenne - O.V.N.I Edition Louis XIV - Universeul - 2011


David Bowie - Young Americans (1975)

Après avoir déjà un peu tout fait pendant les années 60, et avant sa révolution électronique des années 80, David Bowie chantait les jeunes américains. Et parce que le bon Dave a trop souvent été accusé de céder à la mélancolie, il s'est dit que c'était peut-être une bonne idée d'évoquer cette génération perdue post-woodstock à grands renforts de chœurs gospel et de mélodies "plus-groovy-tu-meurs". Et parce qu'il est généreux, il en profite aussi pour faire sa petite critique politique et un clin d’œil aux Beatles, l'air de rien.

LP : David Bowie - Young Americans - EMI - 1975


The Fabulous Counts - Get Down People (1969)

Avant de se rebaptiser à leur arrivée chez Westbound Records, les Counts étaient fabuleux. Il étaient signées chez Cotillon et affichaient un unique album au conteur : Jan Jan. L'orgue de Mose Davis, le saxophone criard de Demo Cates et la guitare de Leroy Emanuel signaient déjà le son du groupe. Des rythmiques brutes, enrobées de percussions que l'ont retrouve dans les albums suivant. Notamment What's Up From That Counts. Malheureusement pour le groupe, Funkadelic et Ohio Players prennent de la place chez Westbound et The Counts sortira ses deux albums suivants chez Aware Records.

LP : The Fabulous Counts - Jan Jan - Cotillon - 1969


Joe Beck - Red Eye (1975)

A une époque ou le jazz vivait et faisait vivre, Joe Beck, sa guitare sous le bras, arpentait les boites, terminait un gig et filait jouer quelques mètre plus loin, dans une autre salle au coin de la rue. Il passait un moment avec Monty Alexander, allait écouter Kenny Burrel et finissait la soirée au petit matin, attablé avec Wes Montgommery. Voilà comment les musiciens entretenaient leur carnet d'adresse et s'assuraient que leurs noms restaient en bonne place dans les carnets des autres. C'est ainsi que l'on retrouve le guitariste dans nombre de sessions jazz-funk, jazz-rock, pour les disques des copains. En 1975, il sort cet album à haute teneur groovy pour le label Kudu de Creed Taylor. Il partage la galette avec le guitariste Steve Kahn et David Sanborn, le saxophoniste de l'amour. Un David Sanborn qui verra, grâce à sa notoriété, son nom remonter en haut de la pochette de la réédition intitulée Beck & Sanborn chez CTI en 1979.

LP : Joe Beck - Beck - Kudu - 1975


Action Bronson - The Madness (2011)

Ça faisait longtemps qu'on avait pas parlé d'Action Bronson. De 2011, l'époque Dr Lecter, quand l'ex-cuistot barbu samplait à peu de frais Ferdi Özbeğen, un soulman et pianiste de la belle Turquie, parce qu'il avait dû bien manger dans un obscur bouge d'Istanbul. L'original déchire et le gros monsieur en fait sa chose. This is madness, certified madness.

LP : Dr Lecter - Action Bronson - Chopped Herring Records - 2011


Reuben Wilson - Blue Mode (1969)

Blue Mode sort en 1969. C'est le troisième album de Reuben Wilson pour le label Blue Note. Entouré de quelques acolytes talentueux - Melvin Sparks à la guitare, Tommy Derrick à la batterie - l'homme qu'on appelle Reuben délivre, sur le titre éponyme, un jazz-funk à la coolitude élégante et contagieuse d'une ligne de B3 chaleureuse. Chacun expose son talent de soliste et maintient la cohérence du groove. 

LP : Blue Mode - Reuben Wilson - 1969 - Blue Note


Brenda Russell - A Little Bit Of Love (1979)

Quand elle n'envoie pas ce genre de grooves prompts à distiller de la joie dans les âmes, Brenda Russell écrit les chansons des autres. Dans sa collec' des monuments pour lesquels elle a travaillé, Brenda a rangé Stevie Wonder, Donna Summer, Aretha Franklin ou encore Earth Wind & Fire. Joli CV.
Avec ce titre, Madame Russel s'est fait échantillonner à plusieurs reprises. Pas toujours pour le meilleur. Parmi les revisites qui valent le détour, on citera : Rain Of Shine d'Outsidaz ou éventuellement Big Pun avec Still Not a Player. Tout ça pour s'apercevoir qu'on a envie d'en remettre une couche et d'écouter le piano original et la voix de la Brenda. Un peu d'amour...

LP : Brenda Russel - Brenda Russell - Horizon Records & Tapes - 1979

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