Eric Lynn Wright, Andre Romelle Young, Mik Lezan, Lorenzo Jerald Patterson, O'Shea Jackson, Antoine Carraby... ces noms ne vous disent rien ? Pourtant, ces six lascars ne sont ni plus ni moins que les membres du groupe qui a révolutionné le hip-hop west-coast, depuis le ghetto de Compton, une banlieue sud de Los Angeles. Vous les connaissez peut être mieux sous leurs petits sobriquets : Eazy-E, Dr. Dre, Arabian Prince, MC Ren, Ice Cube ou DJ Yella. Eh ouais, mon pote.
N.W.A., acronyme de Niggaz Wit Attitudes, fait aujourd'hui l'objet d'un film-événement, produit justement par Ice Cube, Dr. Dre et Tomica Woods-Wright, la veuve d'Eazy-E, décédé de complications liées au sida en 1995. Straight Outta Compton esquisse un panorama juste et pertinent de la situation qui a conduit quelques jeunes désabusés à prendre le micro pour autre chose que l'animation de soirées dans les clubs suants de la banlieue de LA. Un biopic en forme d'hommage, bien sûr, mais pas seulement : là où il aurait été facile de la part des anciens du groupe de se livrer à une fresque larmoyante et/ou héroïque de leurs origines.
N.W.A. s'est formé en 1986, à une époque où les violences policières sur les noirs étaient monnaie courante dans une Amérique fermement raciste. Violences qui ont atteint leur apogée quand, en 1991, un jeune homme du nom de Rodney King s'écroule sous les coups de matraque et les tasers de quatre flics qui seront pourtant acquittés un an plus tard.
Presque trente ans après, on aimerait pouvoir dire que la situation a bien changé, que les flics américains arrêtent de cogner sur tous ceux qui ont eu le malheur de naître avec une peau jugée trop foncée. Malheureusement, ce serait oublier un peu trop rapidement Michael Brown, Oscar Grant, Aiyana Jones, Kenneth Chamberlain, Jordan Davis ou Rekia Boyd, pour ne citer qu'eux. C'est précisément là que le film de F. Gary Gray trouve un écho intéressant, dans le regard qu'il porte sur notre propre société.
Riche et bien construit, N.W.A. Straight Outta Compton brille par son casting presque parfait, composé notamment du fils d'Ice Cube dans le rôle de son propre père et de jeunes acteurs dont la ressemblance avec les personnalités qu'ils interprètent est assez frappante. Presque parfait, non pas sur la qualité du jeu global, mais sur le choix de Paul Giamatti dans le rôle du manager véreux de service, Jerry Heller, rôle quasi-équivalent à celui tenu il y a quelques mois à peine dans Love and Mercy, le biopic sur Brian Wilson des Beach Boys. Si l'acteur est une fois de plus impeccable dans ce rôle de beau salaud, on aimerait le voir jouer autre chose, un jour...
Lors d'une interview, la militante anti-racisme Anne Braden a déclaré : "And what really happened in the 60's was that this country took just the first step toward admitting that it had been wrong on race. And creativity burst out in all directions."*
L'histoire se répéterait-elle ?
* "Et ce qui s'est vraiment passé dans les années 1960, c'est que ce pays a fait un premier pas vers la reconnaissance qu'il avait eu tort à propos des races. Et la créativité a explosé dans toutes les directions."
L'histoire se répéterait-elle ?
* "Et ce qui s'est vraiment passé dans les années 1960, c'est que ce pays a fait un premier pas vers la reconnaissance qu'il avait eu tort à propos des races. Et la créativité a explosé dans toutes les directions."
@cedriclemen
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