Putain, 18 ans... 18 années, quasiment jour pour jour, sont passées depuis le précédent album de Faith No More, l'un des piliers du metal des années 1990. Fort du succès remporté lors de leur tournée des festivals entre 2009 et 2012 - avec un passage remarqué par Rock en Seine en 2009 - les membres du groupe se sont dit que ça serait pas mal de donner un petit frère à Album of the Year, sorti en juin 1997. Son titre ? Sol Invictus. Soleil invaincu, d'après le nom d'une obscure divinité romaine.
On avait le droit de s'inquiéter, tant les exemples abondent de groupes qui se reforment pour mieux se déformer, qui signent avant même de chercher à persister, et ne produisent au final qu'un amas de notes plus déplaisantes les unes que les autres et se cassent les dents, en même temps qu'ils cassent les couilles oreilles - marrant comme les deux mots se ressemblent - de leurs fans emplis d'un espoir naïf.
Premier constat avec la chanson que Faith No More nous a balancée en guise d'amuse-gueule il y a quelques mois, Motherfucker, qui accroche bien l'oreille même si on avait du mal à "sentir" le FNM des nineties avec ce seul titre. Interprété en partie par Roddy Bottum, le clavier du groupe, les vocalises de Mike Patton n'intervenant que sur le refrain, le titre surprenait, tout en parvenant à rester collé dans un coin de la tête.
Constat suivant avec le premier titre de l'album, qui lui donne son nom. Ça sonne bizarre sur l'intro, le son de piano est un peu léger, factice, à l'instar de celui de Motherfucker, justement. Mais on connait le goût du groupe pour la farce et les sonorités un peu détonantes, et à une époque où les instruments numériques cherchent à imiter l'analogique, il semble assez juste que Faith No More joue ouvertement la carte du factice. Autre surprise toutefois : si chaque album précédent s'ouvrait sur un titre coup de poing - From Out of Nowhere sur The Real Thing, Land of Sunshine sur Angel Dust, Get Out sur King for a Day... Fool for a Lifetime et le bien-nommé Collision sur Album of the Year - Sol Invictus s'avère être une ballade mélancolique et inquiétante et il faudra attendre le solennel Superhero pour prendre sa dose de grosses grattes dans le faciès.
Bien sûr, on est sur un album de Faith No More, donc il ne faut pas s'attendre à écouter le même titre à chaque piste, ce qui est davantage la spécialité des Linkin Park et autres groupes "post-ado-coeur-qui-saigne". On change donc tout de suite d'ambiance avec Sunny Side Up et ses faux-airs de ballade crooner sous stéroïdes, faudrait voir à ne pas s'endormir sur ses lauriers, tout de même. L'obsédant Separation Anxiety impose son statut de morceau-phare de l'album, dans lequel Mike Patton fait encore une fois la démonstration de l'impressionnante entendue de son registre vocal.
Autre très bon titre, Cone of Shame s'ouvre sur une guitare qui n'est pas sans évoquer les gigantesques étendues désertiques chères au cinéma de Sergio Leone ou John Ford. Un western un peu énervé, on va dire.
Rise of the Fall et Black Friday sont les deux titres qui s'éloignent le plus de ce à quoi Faith No More nous avait habitué jusqu'ici, tout en sachant finalement s'intégrer à l'ensemble. Une impression renforcée par Motherfucker, qui a clairement divisé les amateurs du groupe - la faute, en plus du chant, à une instrumentation passablement minimaliste.
L'album se conclut par deux titres encore une fois résolument différents du reste de l'album. Le sublime Matador propose un riff entêtant, répétitif et malsain, tandis que, contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, From the Dead est une ballade acoustique plutôt joyeuse, ce qui est une nouveauté pour le groupe, et détonne clairement par rapport à l'ambiance imposée par le titre précédent.
En définitive, Sol Invictus, en n'emmenant pas son auditoire là où celui-ci pensait qu'on l'emmènerait, est un excellent album du groupe, qui n'a pas à rougir de ses prédécesseurs. La nostalgie aidant, nul doute que les fans les plus hardcores auraient préféré un petit frère au mythique Angel Dust, alors que cet album, plutôt court dans la discographie de Faith No More - seulement 10 titres ! - se rapproche davantage d'Album of the Year sur l'intention : des titres très différents les uns des autres mais un univers sonore beaucoup plus homogène et dense que celui de King for a Day..., dont les variations portaient plus sur les styles musicaux exploités que sur la composition à proprement parler - on y passait sans mal d'une bossa nova à une chanson crooner, ou un jazz façon big band. Rien de ça ici, l'ensemble fait corps et se montre dès lors plus exigeant.
A l'heure du vite emballé, vite consommé, Faith No More prend le risque de perdre les amateurs.trices de fast food musical, qui n'iraient pas plus loin qu'une première écoute. Et c'est pas plus mal, finalement.
Bien sûr, on est sur un album de Faith No More, donc il ne faut pas s'attendre à écouter le même titre à chaque piste, ce qui est davantage la spécialité des Linkin Park et autres groupes "post-ado-coeur-qui-saigne". On change donc tout de suite d'ambiance avec Sunny Side Up et ses faux-airs de ballade crooner sous stéroïdes, faudrait voir à ne pas s'endormir sur ses lauriers, tout de même. L'obsédant Separation Anxiety impose son statut de morceau-phare de l'album, dans lequel Mike Patton fait encore une fois la démonstration de l'impressionnante entendue de son registre vocal.
Autre très bon titre, Cone of Shame s'ouvre sur une guitare qui n'est pas sans évoquer les gigantesques étendues désertiques chères au cinéma de Sergio Leone ou John Ford. Un western un peu énervé, on va dire.
Rise of the Fall et Black Friday sont les deux titres qui s'éloignent le plus de ce à quoi Faith No More nous avait habitué jusqu'ici, tout en sachant finalement s'intégrer à l'ensemble. Une impression renforcée par Motherfucker, qui a clairement divisé les amateurs du groupe - la faute, en plus du chant, à une instrumentation passablement minimaliste.
L'album se conclut par deux titres encore une fois résolument différents du reste de l'album. Le sublime Matador propose un riff entêtant, répétitif et malsain, tandis que, contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, From the Dead est une ballade acoustique plutôt joyeuse, ce qui est une nouveauté pour le groupe, et détonne clairement par rapport à l'ambiance imposée par le titre précédent.
En définitive, Sol Invictus, en n'emmenant pas son auditoire là où celui-ci pensait qu'on l'emmènerait, est un excellent album du groupe, qui n'a pas à rougir de ses prédécesseurs. La nostalgie aidant, nul doute que les fans les plus hardcores auraient préféré un petit frère au mythique Angel Dust, alors que cet album, plutôt court dans la discographie de Faith No More - seulement 10 titres ! - se rapproche davantage d'Album of the Year sur l'intention : des titres très différents les uns des autres mais un univers sonore beaucoup plus homogène et dense que celui de King for a Day..., dont les variations portaient plus sur les styles musicaux exploités que sur la composition à proprement parler - on y passait sans mal d'une bossa nova à une chanson crooner, ou un jazz façon big band. Rien de ça ici, l'ensemble fait corps et se montre dès lors plus exigeant.
A l'heure du vite emballé, vite consommé, Faith No More prend le risque de perdre les amateurs.trices de fast food musical, qui n'iraient pas plus loin qu'une première écoute. Et c'est pas plus mal, finalement.
@CedricLemen
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