Pour mettre immédiatement fin à toute polémique stérile : non, The Day Is My Enemy n'arrive pas à la cheville de The Fat of the Land, la bombe big beat que le groupe britannique avait lâchée sur la planète electro en 1997. Pour sa défense, on ajoutera que des chefs-d'oeuvre tels que celui-ci se produisent rarement plus d'une fois dans la carrière d'un artiste. Quand ils se produisent. Nirvana n'a jamais fait aussi bien que son sublime Nevermind, Rage Against The Machine a tout donné sur son premier album et rares sont les groupes qui peuvent prétendre avoir eu un tel retentissement.
Il n'empêche qu'après quelques écoutes, The Day Is My Enemy est loin d'être la catastrophe annoncée par les mélosceptiques. Ceux-là mêmes qui arborent fièrement leur t-shirt "I Was There!" en conspuant avec allégresse tout ce qui a été fait après le 31 décembre 1999. A l'instar des plus récents albums du groupe, Always Outnumbered, Never Outgunned (2004) et Invaders Must Die (2009), le premier titre, qui donne son nom à ce dernier opus, est aussi le plus immédiat. The Day Is My Enemy, la chanson, avec son thème déviant et répétitif, entre dans le crâne en quelques secondes, pour ne plus s'en déloger, et vient s'asseoir tranquillement à côté des autres classiques du groupe.
Le reste de l'album, s'il fonctionne plutôt bien, ne s'éloigne jamais trop de ce qui définit le style de The Prodigy : un big beat costaud, bien acide et syncopé. Nasty, le deuxième titre, en est l'exemple le plus évident, puisqu'il reprend la formule-type : des basses à en avoir des remontées gastriques, un beat bondissant et la voix du sémillant Keith Flint. Et si plusieurs titres de l'album, tels que celui-ci, mais aussi Rebel Radio ou Ibiza, ne brillent pas par leur originalité, le fait est qu'il savent se montrer résolument efficaces.
Wild Frontier est la première surprise de l'album, avec ses synthés très 80's. On avait l'habitude d'entendre ces sonorités chez les Frangins Chimiques, plutôt que chez les Prodiges anglais, où elles restent assez rares, ce qui est donc plutôt appréciable. Un titre auquel les claviers quasi-ambiant du très beau Beyond the Deathray n'ont pas grand chose à envier, en plus de résonner comme un bel écho. A classer aussi au rang des titres les plus inhabituels de l'album, Invisible Sun vient presque un peu tard casser le rythme, avec son beat lancinant et ses chœurs éthérés.
Autre surprise, dans un autre registre : Rhythm Bomb et son parfum de soirées trop alcoolisées où tout part en sucette, façon Project X. Résolument et volontairement orienté dancefloor, ce titre qui nous enjoint à moover le body fait mouche et on mettra au défi quiconque de parvenir à ne pas secouer son popotin en loucedé. Un morceau qui porte définitivement bien son titre. On retiendra par ailleurs deux autres très bons titres : Rok-Weiler et Get Your Fight On, qui font admirablement le job à défaut de révolutionner le genre.
On pourra donc bien reprocher ce qu'on veut au groupe anglais : oui, à quelques titres près, The Day Is My Enemy n'est pas d'une originalité folle ; oui, l'album sonne un peu tout le temps pareil, avec ses basses et ses synthés sur-saturés ; oui, en effet, 1997 semble bien loin. Mais en dépit de tout, The Prodigy n'oublie pas de bien montrer qui est le patron et n'imite jamais.
@cedriclemen
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