[Chronique] James Brown - Love Power Peace (1971)

Et si on révisait un peu nos classiques ? Depuis quelques jours, l'album "Love Power Peace", un excellent live de James Brown, hante mes oreilles avides de groove. Le disque n'a été édité qu'en 1992, en CD, et je vous encourage à découvrir ou redécouvrir ce petit chef-d’œuvre scénique. Mais enfilons nos costumes de Maître Capello du funk et situons ce disque dans la carrière du Parrain.

On est en 1971, à Paris, à l'Olympia. La machine de guerre menée par James Brown remonte d'une tournée en Afrique et, après Lyon et Marseille, les musiciens exténués obtiennent leur récompense : funkifer la ville lumière. Un an auparavant, le patron intransigeant avait licencié la quasi-totalité de ces musiciens. Une bande de sans-gênes qui estimaient que les brimades, les heures de travail et les voyages inconfortables au sein d'une entreprise musicale largement rentable, auraient mérités salaire plus conséquent... De sales communistes incapables de mesurer l'importance de l'enrichissement personnel de leur bienfaiteur. Mais comme pour donner raison aux méthodes despotiques de James, la nouvelle formation est une fusée qui propulse le Soul Brother n°1 dans l'ère "Sex Machine". Les fougueux frères Collins, Catftish à la guitare et Bootsy à la basse, rajeunissent le groove. L'historique Bobby Byrd, malmené par son patron et ami, réintègre la formation et impose ses talents de MC. Fred Wesley, déçu d'une tentative jazzy, reprend lui aussi sa place dans le groupe. Puis pour parfaire l'écrin, le clavier David Matthews met son talent musical au service des arrangements additionnels de cuivres et de cordes.

Avec un James qui ne trahit pas sa réputation de bête de scène, ce disque témoigne d'une période emblématique de la carrière du Godfather. Les JB's nouveaux sont une étoile filante dont on distingue encore aujourd'hui la trainée. La soul de James n'est pas morte et fini de se transformer en funk. L'état de grâce est de courte durée et n'en finit pas d'influencer la musique qui cherche encore à groover.

Jean-Rémy Goubet