Si on me demandait quel titre j'emporterais avec moi sur une île déserte pour faire l'amour avec les crabes, je répondrais sans hésiter : "Trippin' Out" de Curtis Mayfield. Les crabes adorent ça, je vous jure.
Mais trêve de crustaçophilie, le titre ne fait pas fantasmer que les tourteaux. Devant la liste impressionnante des sidemen présents sur l'album, le petit label associatif a les yeux qui brillent et les oreilles qui rigolent. Il se surprend alors à rêver à d'immense studios avec autant de musiciens, des cuivres, des violons, pourquoi pas des chœurs, de grandes orgies dorées, des p... Pardon...
La production complexe, cosignée par Curtis Mayfield, Kenni Burke et l'arrangeur Gil Askey, offre un florilège de couleurs, de sonorités. Cuivres, lignes de cordes en retrait, petite harpe, et mitraillette de guitare façon coup de plume de Django Reinhardt, sont autant de subtilités que le monomaniaque de l'écoute pourra découvrir encore après avoir appuyé sur play pour la 683e fois. Pourtant, même la grande richesse de la production ne parvient pas à déranger celle qui reste devant tout au long du morceau, j'ai nommé : "La-grosse-basse-rebondissante-et-mélodieuse-qui-fait-kiffer-grave". Avec la guitare et les attaques de cuivres, elles sont la garde rapprochée de Curtis et sa voix cristalline. Le chanteur peux ainsi se concentrer sur la déclaration amoureuse qu'il fait à la dame : Il disjoncte, il n'est rien sans elle, il est son esclave. Ça a l'air de piquer un peu mais dans le fond il aime bien ça...
Appuyons donc sur play pour la 684e et découvrons une nouvelle subtilité de ce chef-d’œuvre.
Keep the groove !