For Musicians Only… Mais pas que

Jeudi 30 novembre 2023, au Studio de l’ermitage à Paris, le jeune label de jazz For Musicians Only présentait les trois premiers solistes de son écurie à l’occasion d’un triple concert brillant : Hugo Lippi à la guitare, Gael Rakotondrabe au piano et Fabien Mary à la trompette ont séduit au-delà des musiciens. 

 Dans les hauteurs du vingtième arrondissent parisien, accroché au flan de la Ménilmontagne, un refuge accueille les musiciens qui montent haut. Un refuge, un ermitage, un studio. Une fois les portes franchies, la fumée vous accueille. Epaisse, artificielle. La tension flotte elle aussi. Intense, réelle. 

Ce soir, le jeune label For Musicians Only (FMO) célèbre sa fin de gestation et accouche sur scène de ses trois premiers talents : Hugo Lippi, Gael Rakotondrabe et Fabien Mary. Emouvant. Les disques suivront rapidement. Ils ne sont pas pressés. 

Créé à l’initiative de Luc Gaurichon, le fondateur de Caramba Culture Live et sous la direction artistique de Manou Pallueau, le label FMO Lancé par Caramba Records et son directeur Bertrand Aubonnet cherche à inscrire dans son sillon une certaine idée de la musique outre atlantique : quand le jazz devient la musique classique afro-américaine. Plutôt Blue Note que Label Bleu. Mais au-delà de l’hommage, FMO veut garder ouvert le grand livre du jazz et graver ses propres chapitres autour de brillants artistes d’aujourd’hui. Un petit monde de musique s’est donc réuni pour l’occasion. 

Journalistes, producteurs, musiciens et amoureux de jazz attendent qu’on leur présente les prodiges. Des regards se croisent. Des sourires s’échangent. On serre des paluches. Les fesses aussi. La lumière tombe. 

"FMO veut garder ouvert le grand livre du jazz et graver ses propres chapitres autour de brillants artistes d’aujourd’hui" 

 Hugo Lippi ouvre le bal. Seul sur scène, le guitariste livre un set onirique et brillant. Véloce et inspiré, Hugo se promène dans un medley composé pour l’occasion à partir des titres de son album à venir : Réflexion in B. Il monte et descend rapidement les marches entre les accords qui font scintiller sa demi-caisse. Une rythmique se glisse parfois entre les envolées poétiques. On voyage. L’exercice soliste est délicat mais M. Lippi nous offre un set brillant qui emporte toute la salle - Le silence était éloquent et les respirations retenues avant le tonnerre d’applaudissements final. Un succès. 


 Gael Rakotondrabe nous accorde la deuxième danse au piano. En trio cette fois, avec Laurent Vernerey à la contrebasse et Raphaël Chassin à la batterie. Deux sidemen aux CV éclectiques entre pop et jazz. Un pari audacieux qui s’est avéré payant. L’alchimie entre les musiciens est parfaite ! Vernerey, métronome à l’écoute, cherche son soliste du regard tandis qu’il tient la barraque. Chassin les regarde sans les yeux et envoie un jeu précis et puissant. Le tapis est solide pour le jeune pianiste. Ferme et soyeux. Gael Rakotondrabe rayonne. Son regard pétillant et son sourire communicatif sont à l’image de son jeu gracieux et inventif. Le set démarre avec And I Love Her, emprunté aux Beatles et single de l’album à venir, Shadow. Jazzifié avec talent, le titre se place dans le haut du panier des hybridations réussies entre le jazz et la pop. 

 Fabien Mary ferme le bal à la trompette et le trio devient quartet. Gael Rakotondrabe passe à l’accompagnement et rempli brillamment le contrat : Discret, inventif et à l’écoute. Laurent Vernerey est toujours en place aux côtés de la batterie, tenue cette fois-ci par Stéphane Chandelier. Le trio accompagnant est solide et l’espace est dégagé pour laisser Fabien Mary développer son jeu inspiré et élégant - et l’on s’entend penser que le hard bop vivra toujours grâce à de tels représentants. Pas de saxophoniste ici pour partager l’affiche avec la trompette, comme on le voyait souvent dans les années 1960. FMO s’inspire des codes et les adaptes à sa vision. Mention spéciale à la balade Never Let Me Go grâce à laquelle Fabien écorche la carapace et distille l’émotion au-delà de la technique. 

 Pour conclure brillamment cette soirée, le FMO All Stars s’est formé pour la première fois avec tous les musiciens du label. Et comme on ne partage pas une batterie, ce sont quatre baguettes qui tenaient la mesure d’une reprise du groovy Adam’s Apple de Wayne Shorter. Les trois solistes ont pris leurs tours et les lumières se sont éteintes sur un constat commun : il est né le divin label ! 

Jérémy Goubet

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