[Chronique] Hugo TSR - Tant qu'on est là (2017)

Le TSR crew est une histoire qui roule discrètement mais surement, loin des majors et du cirque des grands médias. Après une deuxième galette du collectif, "Passage flouté", Hugo TSR s'échappe pour un opus solo attendu. Il garde la même recette, efficace, en marge des sonorités en vogue.

"Quitte à déplaire, moi je me répète comme un tagueur, ou une grosse baffe". Hugo TSR est comme ça, il envoie des pêches à l'ancienne. Tagueur,  rappeur tendance réaliste et proche du bitume, qu'il se fasse storyteller du dix-huitième arrondissement, raconteur du quotidien ou chroniqueur du rapgame, le bonhomme reste droit dans ses baskets : "j'évite les grosses, les petites radios, on vise plus haut que la vie de château". L'enjeu est ailleurs.



L'opus tranche avec la vague du moment par ses violons tragiques, ses pianos tristes, ses guitares mélancoliques et ses voix pitchées sur des beats "hashtag jadis". Pour les prod, quand il ne s'en charge pas lui-même, Hugo TSR fait appel aux proches : Art Aknid, I.N.C.H ou Nid de Renard. Les textes prennent soin de respecter un équilibre entre sens et forme.  Entre évocation de la face nord de la ligne 12 dans "autour de moi" ou "là-haut", l'ode à la cage d'escalier dans La Cage : "j'y ai froissé plus de feuilles qu'un passionné d'origami", l'esquisse acerbe "des (les) vieux de son (mon) âge" ou comment vieillir sans faire de concession à ses idéaux. Les rimes sont complexes, les punchlines parsemées ici et la, les couplets longs, pleins de syllabes et de mots qui servent le récit.



Dans un extrait d'interview qui ouvre Autour de moi, Jean-Pierre Mocky parle de "cachetoneurs" qui jalousent sa liberté, il dit : "c'est comme si on leur avait coupé une couille, et à ce moment-là, ils sont jaloux de mes deux couilles à moi". Au delà de la posture, la saillie résume assez bien le positionnement, "en marge", d'Hugo TSR et son envie d'indépendance, avant tout.

Tant qu'on est là est un album homogène, dans le fond et la forme, qui ravira les amateurs du crew et les lassés de la trap ou du cloup rap. Finalement pas si mal et révélateur de la richesse du rap actuel.

Tant qu'on est là - Hugo TSR - 2017 - Chambre froide


@choapuech

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire