[For Musicians Only_Le Podcast] Kenny Dorham - Quiet Kenny (1960)

Chronique audio de l'album Quiet Kenny de Kenny Dorham, diffusée dans For Musicians Only_Le Podcast, dans le premier chapitre des épisodes consacrés au trompettiste Fabien Mary.
 
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Kenny Dorham est-il For Musicians Only ? J’ai demandé à quelques amis de me citer des trompettistes. Musiciens pour certains, mélomanes pour les autres, aucun d’eux n’a cité Kenny entre Miles, Louis ou encore Dizzy. Etonnant quand on parcourt la belle discographie d’un musicien disparu avant ses 50 ans. Parce qu’ils sont moins usés par les yeux spectateurs, les gens discrets sont toujours les plus beaux, disait le journaliste podcasteur… Quoi qu’il en soit, j’ai écouté avec attention l’album Quiet Kenny de ce trompettiste « sous-coté ». Eh bah c’est vachement bien !

Le disque s’ouvre sur ce Lotus Blossom dont on vient d’écouter un extrait. Après une intro qui fait tourner à trois temps, le batteur Art Taylor pose sa charley en locomotive et emmène avec lui la contrebasse de Paul Chambers qui semble courir entre les rails en évitant les traverses. Kenny pose son thème et envoie un chorus véloce dont les envolés agiles rappellent qu’il a trainé ses pistons dans des sessions be-bop exigeantes. – Il a notamment remplacé Miles Davis dans le Quintet de Charlie Parker, à la toute fin des années 1940. Puis Tommy Flanagan fait bouger vite ses doigts sur le piano et le quartet abandonne quelques mesures à la batterie avant une conclusion qui valse comme en intro. 

"Kenny Cherche la note. La note juste..."

On se familiarise rapidement avec le jeu singulier de Kenny Dorham. Ni claire, ni complètement feutré. Un son du bout des lèvres prédestiné aux balades inspirantes qui font plier les yeux. Et Velvet Kenny ne se prive pas. Dès le second titre My Deal nous donne l’espoir du soleil après l’averse en nous offrant le monde à travers une vitre ou perle encore les gouttes de pluie. Plus sombre et intense, Alone Together nous envoie marcher seul sur ce pont entre Manhattan et le New Jersey, en quête d’un dernier lieu où trainer son spleen avant le lever du jour. J’aime beaucoup. 

Kenny cherche la note. La note juste. Pas tant en termes de fréquence que de sentiment. Celle qui exprime. Celle qui fragile laisse deviner l’humain derrière la trompette. Ça tremble. Ça grésille et le sillon se resserre vers le macaron. Comme la première face, la seconde démarre avec une composition de Kenny Dorham : Blue Spring Shuffle. Une leçon de hard Bop introduite par un walking de contrebasse qui ferait marcher jusqu’au bout du monde. S’en suivent deux titres où Kenny impose encore l’élégance à grand coup de discrétion et la galette sans bonus de rééditions touche à sa fin.

"un son de velours pour emballer une musique de satin"


D’aucuns ont qualifié cet album de Minor Masterpiece. Passée la surprise de l’oxymore, je comprends mieux la punchline après avoir écouté le disque. Quiet Kenny n’est pas de ces albums qui révolutionne un genre. Mais il est néanmoins un de ces disques rares qui s’écoute longtemps sans lassitude. L’ingénieur du son Rudy Van Gelder a concocté un son de velours pour emballer une musique de satin. L’écrin parfait pour un jazz de puriste accessible à tous…

Jérémy Goubet


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