Vers l'electro pop et au delà ! Le virage qu'Odezenne avait amorcé dans Rien, l'EP qui précédait Dolziger Str. 2, est maintenant dans le rétroviseur des Bordelais. Les samples ont définitivement disparu, libérant les pistes pour les machines, claviers vintages et instruments acoustiques
Soyons honnêtes, la première écoute a été dure. Décevante. Voilà ce qui arrive quand on attend trop des artistes. Pour la deuxième écoute, l'enjeu n'était plus, les oreilles étaient neuves et le cerveau s'est laissé voyager. Lançons ensemble la 49e écoute...
Les claviers donnent la messe
Les claviers de Mattia, synthétiques ou analogiques, sont le ciment de cet album. Dès l'ouverture, l'orgue, solennel et imposant contribue à asseoir cette ambiance nostalgique et introspective qu'imposent les textes. Ou l'inverse. Puis le beat effleure la Bouche à lèvre. Les nappes de claviers se font alors plus synthétiques et l'électro s'impose un temps. Elle reviendra par la Boubouche avec ses chaussures pour danser.
La guitare, ce chef d'orchestre
On embarque dans le Cabriolet. L'orgue est de retour. Il se trouve une basse de cordes et une batterie en fûts vivants. Avec la guitare, ce chef d'orchestre, ils se fabriquent des arrangements façon Melody Nelson en jean ultra Slim et naïkis colorées. Sur cette vieille pop au goût du jour, la voix monocorde d'Alix s'autorise, sur le refrain, le chant du bout des lèvres. Désinvolte. Présentes dans la plupart des titres, parfois discrètes dans les arrangements, les guitares de Mattia donnent le rock et le chaud. Elles guident.
Les voix ne sont pas innocentes
Odezenne raconte de tout. Mais surtout de la vie, du sexe, de l'alcool cette Vilaine. De la drogue dans les ambiances molles. La confiance d'apparat de ceux qui revenaient quand tu allais dissimule volontairement mal la sensibilité du duo de voix. Jaco distille ses idées dures dans sa poésie naïve. Les mots simples sont choisis et racontent du compliqué. Alix laisse traîner ses cordes vocales à côté de son spleen. Les deux impressionnent par leur assurance. Ils se sont affranchis des codes du rap dans sa forme classique et portent, comme il l'entendent, leur textes obscurs aux images fortes et sens multiples.
Un disque bien
Odezenne surprend encore. Ce troisième album, façonné au numéro 2 de la Dolziger Strasse à Berlin, a sorti le groupe de son indépendance. Auto lancé en 2007 à la force du poignet, le trio a signé chez Tôt ou tard, le seul label qui leur a parlé de musique. L'Universeul des débuts est donc accompagné mais la liberté semble préservée. Ils s'installent alors dans le panorama multiple de la chanson française. Ils dénotent. Avec ses influences variées du rock, à l'électro, au rap, son spleen apparent et sa douce violence, Odezenne hypnotise. C'est bien.
LP : Odezenne - Dolziger Str. 2 - Universeul / Tôt ou tard - 2015
@JeanRemyGoub
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire