[Chronique] A.F.R.O (All Flows Reach Out) - Tales From The Basement (2015)

Lors d'une sorte de rap académie organisée dans le garage de R.A. The Rugged Man, A.F.R.O. un gamin massif de 16 piges, avait décoiffé l’assistance d'un freestyle technique à flow multiples : A definition of a rap flow. Un an et le EP Modest World plus tard, Jamal Gutierrez de son vrai nom, livre un nouvel échantillon de ses talents, Tales From The Basement, et esquisse les fondements de son hip-hop. 


Les six titres de Modest World lâchés en début d'année sonnaient déjà pas mal. Le disque aux saveurs jazzy et sans producteur de renom rassemblait des morceaux publiés de façon éparses par A.F.R.O. Depuis le gamin a passé quelques mois dans les bagages de l'Homme rugueux (qui l'a officiellement signé au passage) et a visiblement rencontré du  beau monde. Tales From The Basement interpelle d'abord par ses têtes familières à la production. Le premier extrait et premier clip, #829, un beat en deux parties, de l'austère à la fugue, est une réminiscence de School une collaboration vieille de 10 ans entre Masta Killah et RZA. Dans le clip, A.F.R.O se quintuple illustrant ainsi son blaze : All Flows Reach Out, tous les flow font mouche. 



Avec Activated Trap Locks, MF DOOM assure l'intro à sa façon :  c'est cuivré et brutal, mais garni d'un flutiau espiègle. Le bazar sent indéniablement le bitume la grosse pomme : Havoc, la moitié de Mobb Deep, y va de sa prod avec descente de basse entêtante. Avec ses nappes de violons, Inspectah Deck réveillent les fantômes old-school du Wu-Tang. Dans le même esprit, Mathematics sample grassement le Hard Times du gros bébé Baby Huey sur Razor Blade Rhyme amenant une touche soul. La curiosité  de l'opus, Scared stupid, emprunte à Bruce Arntson et Kirby Shelstadaux, des compositeurs de musique pour nanards d’épouvante, un délire d'orgue et de cordes flippantes.  

A.F.R.O impressionne toujours par la qualité et la diversité de ses flow, privilégiant tour à tour vitesse ou sonorités, entre avalanches de syllabes et redondance de rimes. Entouré de quelques poids lourds, l'adolescent ne se laisse pas impressionner et kicke comme un vieux briscard avec sa voix d'ancien. Pour les mauvaises langues, la mixtape se résumera à des freestyles sur des instrus datées. Il y a un peu de vrai : un excellent freestyler fait-il forcément un vrai emcee ? Vous avez 12 minutes.



@choapuech

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