Le Jonc du sourd - Récap #41, #42, #43 #44

4 Semaines de Jonc du sourd d'un coup : Bonheur !



The Roots feat. Mos Def - Double Trouble (1999)

Dans Double Trouble extrait de Things Fall Apart des Roots, Mos Def et Black Thought se livrent à un numéro de duettistes sur une compo épurée et bien cadencée par Questlove. Dans un exercice complètement eighties, les emcee tentent de recréer quelque chose qui ressemble à la routine de Double Trouble, le duo formé par Lil Rodney Cee et  K.K. Rockwell dans Wild Style, empruntant au passage des lyrics : Here's a little story that must be told about two young brothers who got so much soul.

LP : Things Fall Apart - The Roots - 1999 - MCA Records


Roy Ayers & Wayne Henderson - Step Into our Life (1978)

A la fin des années 1970, le vibraphone de Roy Ayers se sent seul, il veut un copain cuivre. Alors, le boss du clavier à vibrato pense à Wayne Henderson des Crusaders et à son trombone enchanté. Le résultat : deux albums communs, Step into our life (1978) et Prime Time (1980). Extrait du premier, Step into our life est une petite douceur de jazz funk où les deux bonhommes s'en donnent à cœur joie pour un méli-mélo musical assez classieux.

LP : Roy Ayers & Wayne Henderson - Step Into Our Life - 1978 - Polydor


Bobby Byrd - Back From The Dead (1974)

Derrière la voix qui harangue le célèbre "get on up" dans le titre Sex Machine, l'homme qui dû se battre pour exister dans l'ombre écrasante de James Brown s'appelle Bobby Byrd. Eminence grise des Famous Flames, il est celui a qui l'on doit le Godfarher. Celui qui, comme un frère, fît accueillir dans sa famille un jeune James Brown en probation. Lui évitant ainsi le paquet d'années de prison qu'il lui restaient à tirer. Malmené par "L'Homme dynamite" ingrat qui lui promettait une carrière solo arlésienne, Byrd est malgré tout parvenu à accoucher de quelques singles mémorables parmi lesquels ce "Retour d'entre les morts".

SP : Bobby Byrd - Back From The Dead / The Wayne To Get Down - International Brothers Records - 1974


Dave Grusin - Condor ! (Theme From "3 Days Of The Condor") (1975)

Faye Dunaway, Robert Redford, des futals larges aux pattes et une petite main des services de renseignement embourbée dans une embrouille trop grosse pour lui. Tous les ingrédients d'un bon polar. Mais l'eau monte d'autant plus à la bouche quand on sait que Dave Grusin s'est occupé du fond de sauce musical du film de Sydney Pollack. Le clavier arrangeur a mitonné pour l'occasion une bande son toute en finesse. Elegante et groovy, elle accompagne Robert le Condor qui démêle les nœuds dans son sac et profite de l'occasion pour s'incruster de force dans le lit de Faye Dunaway.

LP : 3 Days Of The Condor - Original Soudtrack Recording - Capitol - 1975


Vulfpeck - Back Pocket (2015)

Les musiciens en short de Vulfpeck préparent la sortie de leur premier album de non-silence, Thrill Of The Arts.
Ils se posent plein de questions : "Sommes-nous la première génération à préférer la musique de nos parents ?" ou "Comment un album d'Abba aurait sonné s'il avait été mixé par Steve Jobs ?". Drôle et pas aussi futile qu'il y paraît. Vulfpeck présente ainsi son projet sur le site de financement participatif KisckStarter. On peut aussi y écouter Back Pocket, le premier extrait de la galette à venir. Le son Vulf est toujours aussi rond et le travail de mixage et de mastering invite à s'interroger sur l’esthétique sonore à l'ère du numérique dématérialisé.

LP : Vulfpeck - Thrill of the Arts - Vulf Records - 2015


Resolution 88 - Doin It (2014)

Le fils adoptif de Herbie Hancock, né du croisement d'un Fender Rhodes et d'un clavinet, traîne dans les faubourgs de Londres. Tom O´Grady se revendique héritier des Headhunters. Après écoute attentive, On lui accorde le statut honorifique de "Défenseur du vieux jazz funk au 21ème siècle". Avec son équipe - une bande de sidemen prestigieux ayant tourné, comme lui, aux côtés de grands noms du jazz funk (George Duke, Don Blackman, Deodato...) - il monte Résolution 88. Une référence avouée au Suitcase Rhodes Mk1 88, un clavier que le leader compositeur affectionne particulièrement. Le projet fouille les recoins de la fusion des années 1970, se l'approprie et, sans la revisiter vraiment, nous livre des grooves à la hauteur des pointures de l'époque. On écoute ici Doin It, petite sucrerie syncopée dont le Rhodes justifie le nom du groupe.

Un petit effot pour ce titre absent de Youtube. Il est à écouter par ici --> http://www.deezer.com/track/74671337?utm_source=deezer&utm_content=track-74671337&utm_term=5948977_1445251143&utm_medium=web

LP : Resolution 88 - Resolution 88 - Synthethesia Records - 2014


DOOMSTARKS - Lively Hood (2015)

Ça fait un moment que MF DOOM et Ghostface Killah parlent de sortir un (vrai) album commun sous le blaze DOOMSTARKS. Alors à chaque chaque collaboration des deux superhéros du rap, les rumeurs reprennent : Et si c'était la bonne. Cette fois, les deux lascars livrent un morceau de bravoure pour la chaîne américaine Adult Swim : Lively Hood, sur une prod digne d'un score de film d'horreur.

Numérique : DOOMSTARKS ‎– Lively Hood - Adult Swim / William Street Records - 2015


Valentine - Take You Back (Street Corner Song From "Rocky") (1977)

Il y a 40 ans, un jeune étudiant en art dramatique peinait à vivre son rêve : entre petits boulots, films érotiques bidons et salles de théâtre à moitié vides, pas facile de se faire un nom dans le métier. Qu'à cela ne tienne, puisqu'on ne lui proposait aucun rôle, il allait s'en tailler un sur mesure : celui d'un boxeur un peu loser que le destin met sur le chemin d'un grand champion. Rocky était né, en même temps qu'une star : Sylvester Stallone. Et parce que Sly n'est pas du genre à oublier les copains, c'est son frangin Frank qui interprète la chanson Take You Back avec son groupe Valentine, qui figure dans une version a capella sur la bande originale du film.
On écoute ici la version orchestrée, sortie en single un an après la bande originale du film et disponible également sur l'unique album de Valentine (1978).

SP : Valentine - Take You Back (Street Corner Song From "Rocky") - United Artists - 1977


Run The Jewels - Oh My Darling (Don't Meow) (remix by Just Blaze) (2015)

Tout commence par une blague quelques semaines avant la sortie de Run The Jewels 2 (La chronique est ici). El-P et Killer Mike proposent des package délirants. Parmi les bizarreries, et pour 40 000 $ : le "Meow The Jewels package" où la promesse de remixer la galette avec des bruits de chats. Un fan prend la blague au sérieux et lance une campagne de crowdfunding, le résultat dépasse les espérances et la somme escomptée. Le délire devient plus sérieux et les deux lascars aux bijoux-qui-courent assument jusqu'au bout la tartufferie. El-P allant jusqu'à s'improviser "casteur de chat".

Quelques mois plus tard, ils présentent Meow The Jewels, où Just Blaze, Geoff Barrow (Portishead), Blood Diamonds, Boots, Zola Jesus, The Alchemist, 3D (Massive Attack) et bien d’autres se penchent sur les pièces de RTJ2

L'album sera dispo en téléchargement gratuit et les bénéfices de la campagne qui a permis son financement iront aux familles des jeunes victimes américaines de brutalité policière Eric Garner et Michael Brown.

Pour le premier chat-mix, c'est Just Blaze qui s'amuse avec Oh My Darling (don't cry) en faisant grincer des matous. Le tout est illustré par un délicieux clip en carton-pâte qui révèle la vraie nature destructrice de ces vilaines boules de poils.


Genesis - The Musical Box (1971)

Avant de faire les imbéciles à la queue-leu-leu dans le clip d'I Can't Dance, les gars de Genesis étaient de vrais chouettes musiciens qui ont apporté une pierre plus que solide à l'édifice du rock progressif. Bien sûr, c'était à l'époque où Peter Gabriel tenait les rênes du groupe et jouait de la flûte traversière, alors que Phil Collins se contentait de tapoter sa batterie - de fort belle manière, par ailleurs - et de chantonner "Here it comes again" dans cette somptueuse Musical Box. Et pour les râleurs du fond, le morceau s'excite un peu vers 03:30, pas de panique.

LP : Genesis - Nursery Cryme - Charisma - 1971


Flora Purim ‎– Open Your Eyes You Can Fly - 1976

"Ouvre tes yeux, tu peux voler !" Fais gaffe quand-même, les yeux ça suffit pas toujours pour voler... Flora Purim est optimiste. Peut-être, la chanteuse brésilienne se sent-elle pousser des ailes en regardant dans son dos la dream team de musiciens qui l'accompagnent. Peut-être. Quoi qu'il en soit, se faire porter le groove par George Duke et Alphonso Johnson, ça ouvre des horizons. Mais les gros claviers et les bassistes virtuoses, Flora connait. Elle s'est formé les cordes vocales au jazz fusion aux cotés de Chick Corea (compositeur du titre à l'écoute) et Stanley Clarke sur le premier album de Return To Forever en 1972. En 1976, elle continue de voler en agitant ses vocalises jazz d'envergure. La dame peut couvrir 6 octaves ! Bel organe...

Flora Purim ‎– Open Your Eyes You Can Fly - Milleston - 1976


Al Di Meola, Paco de Lucía & John McLaughlin - Mediterranean Sundance (1981)

Pas évident de parler d'Al Di Meola, John McLaughlin et Paco de Lucia sans verser dans l'excès de superlatifs. Un Américain, un Anglais, un Espagnol, chacun maître absolu et incontesté de sa discipline, qui se réunissent à l'occasion d'un concert unique à San Francisco, histoire de bien montrer qui c'est le patron. Un album mêlant jazz qui en jette et flamenco con un par de cojones qui aura pour conséquence, selon les cas, de faire abandonner la guitare à une pelletée de gratteux et d'en inspirer quelques autres. Le soleil danse sur la Méditerranée et c'est beau.

LP : Al Di Meola, Paco de Lucía & John McLaughlin - Friday Night in San Francisco - Philips - 1981


Tyler, the Creator - Buffalo [Clip] (2015)

Tyler, the Creator prend son pied dans la provoc - et dit quelques trucs au passage. Celui qui est interdit de séjour dans certaines parties du globe et taxé d'homophobie ou de racisme dans quelques autres, se rit de ces polémiques en envoyant un nouveau clip un peu dingo. Réalisé par Wolf Haley, l'alter-ego tordu du emcee, la vidéo est divisée en deux parties pour deux titres de l'album Cherry Bomb : Buffalo et Find Your Wings.

Tout débute par un sample de cris de Shake Your Booty de Bunny Sigler et part en vrille comme dans une vision inversé de l'Histoire - ou une exploration de la tête malade de Nadine Morano : Tyler grimé en blanc, pendu à la branche d'un arbre qui craque, le faux-blanc s'arrache de cette sale situation sur ses deux jambes sur un beat aussi boiteux et désarticulé que sa démarche. Poursuivi par une foule de noirs en colère, il s'en sort en se métamorphosant en "blackface". Au passage, il a pris le temps de ramasser un jean 80s qu'il s'enfile jusqu'au bout du sif et de se griller une clope.

Pour Find Your Wings, changement d'ambiance : Grain rétro et esthétique pastel VHS pour de la "vraie musique", de la vraie ironie avec un bout de Roy Ayers à la compo. Le frontman de feu Odd Future surjoue les gendres idéaux avec ses potes de The Internet et un sosie de loin de Lady Gaga. Barré.

LP : Cherry Bomb - Tyler the Creator - 2015 - Odd Future Records


Art Farmer - Crawl Space (1977)

A la page "Cool jazz groovy" du Petit Larousse funkyfié, je crois que le disque Crawl Space de Art Farmer est cité en référence. On pourrait y ajouter un grande partie du catalogue CTI et l'intégralité de son sous label KUDU. Ici, dans la maison mère, on déguste un jazz full of funk, concocté dans le studio de l'ingénieur Rudy Van Gelder. Dans la cabine, une équipe de forcenés rodés à l'exercice : Dave Grusin aux clavier et à la composition, Jeremy Steig au flutiau, Will Lee à la Basse, Eric Gale et sa six cordes spatial et, bien sur, Art Farmer à la trompette tranquile. Un petit goût amer néanmoins quand on sait que la galette appartient à la série 7000 de CTI, le chant du signe du label qui, libéré de la Motown qui le distribuait, perd petit à ses stars et peine à rester à l'équilibre. Le navire saura sombrer comme il a grandit : avec élégance. 

LP : Art farmer - Crawl Space - CTI Records - 1977


Herbie Hancock - Spank-A-Lee (Live) (1975)

Cités en référence par nombre de musiciens dont nous avons parlé sur ce site, Herbie Hancock et ses Headhunders tiennent les murs du Panthéon du jazz funk. Chlorine Free, Resolution 88 et Airto Fogo placent Herbie en haut de leurs listes d'influences. Pierre Vassiliu et Jean Schultheis n'en disent rien mais les grooves de leur musiciens trahissent leurs sources. Jaco Pastorius s'offre Hancock aux claviers. Eddie Henderson emprunte un morceau de la section rythmique des Headhunters, les Brésilens de Skowa & Màfia leur reprenne un titre et East Bay Rhythm sert de pseudo à une partie de l'équipe. 
Bref, on en parlé, il était temps d'en écouter pour de bon. Spank A Lee, extrait de l'album live Flood, enregistré en 1975 à Tokyo. La galette est crédité Herbie mais on retrouve Bennie Maupin aux saxophones, Paul Jackson à la basse, Bill Summers aux percussions et Mike Clark à la batterie, soit les Headhunters dans leur configuration sans le batteur Harvey Mason.

LP : Herbie Hancock - Flood - 1975 - CBS / Sony


A Tribe Called Quest - Check The Rhime (1991)

Si The Low And The Theory de A Tribe Called Quest fait figure aujourd'hui de classique, c'est en partie parce qu'il est l'un des premiers albums de Hip-Hop à faire le lien avec le jazz. Sur Check The Rhime, le trio pique un bout de cuivres aux écossais d'Average White Band, une ligne de basse chez Minnie Ripperton et une rythmique de batterie à Grover Washington Jr. Ça sample à tout va pour la bonne cause. Un puzzle groovy de bon goût sur lequel se posent en douceur les flows de Q-Tip et Phife Dawg.

LP : A Tribe Called Quest - The Low And The Theory - Jive - 1991


Grand Master Flash & The Furious Five - It's Nasty (Genius Of Love) (1981)

Quand ils n'ont pas The Message à délivrer, Le Grand Maître et les cinq Furieux nous racontent des trucs plus légers. Comme quoi les mecs sont les meilleurs rappeurs et que leur son est "méchant". Ça sonne bien, c'est sur. Sur une boucle empruntée au groupe Tom Tom Club, l'équipe de Sugar Hill Records à concocté une instru rebondissante et enjouée. Un emprunt assumé puisque crédité jusque dans la parenthèse du titre. Quelques notes de clavier à l'efficacité scientifiquement prouvée, un pont cuivrée qui traverse la rivière vers un break au triangle et on revient sur la tourne de base. Le schéma a fait ses preuves. "It's Nasty"... And groovy !

SP : Grand Master Flash & The furious Five - It's Nasty - Sugar Hill Records - 1981


Jeremy Steig - Ouanga (1975)

Une pochette qui sent l'encens, la paix universelle et le bab sur le retour. Avec la jolie dame qui danse penchée, l'illustration est parfaite pour ce groove hypnotique. Mais ne nous y trompons pas, Ouanga est un gros bœuf de 8 minutes qui fonctionne grâce une équipe de vieux roublards du jazz funk autour du flutiste Jérémy Steig. Anthony Jackson à la basse et Al Mouson à la batterie pour ne citer qu'eux. Petite curiosité notable : on trouve le guitariste de blues Johnny Winter derrière le solo et les volutes de six cordes qui traine dans le morceaux.

LP : Jeremy Steig - Temple Of Birth- Columbia - 1975

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