Le Jonc du sourd - Récap #33 #34 #35



Birdy Nam Nam - Defiant Order (2011)

Birdy Nam Nam, pour ceux qui se demandent encore c'est-quoi-ça, est un groupe electro made in chez nous, qui a le bon goût de mélanger des influences typiquement eighties dans leur sonorité à des beats hip-hop ou jazzy qui tabassent. Faut dire que les mecs ne portent plus de couches depuis un moment, c'est même des champions du monde de DJ, pour de vrai. D'ailleurs ils ont tellement plus rien à prouver à personne que la chanson-titre de leur dernier album en date, Defiant Order, est illustrée par des mecs et des nanas qui font un battle de moto et applaudissent avec les pieds.

 LP : Birdy Nam Nam - Defiant Order - Savoir Faire - 2011


Svinkels - Ça n'sert à rien (2003)

"Décalrer cet instru ce serait comme déposer le silence à la Sacem". Réunion de travail avec Svinkels. Une grosse instru qui pousse fort divise les membres du Svink'... Le Prince Baste n'est pas convaincu. Nikus Pocus a créé le son et ne sait pas quoi en faire. Xanax ne veut plus se voir confondu avec Licence IV et compte bien "poser sur ce son d'batard !" Même DJ Pone hésite a poser ses scratchs la dessus... Ça n'sert à rien...

LP : Svinkels - Bons pour l'asile - Atmosphériques - 2003


Joe Farrell - Canned Funk (1975)

Funk Gras ! Ça sent le sud, le bayou humide et le moustique. Aucun lien pourtant. Le saxophoniste et flutiste Joe Farrell est originaire de L'Illinois et s'est éteint à Los Angeles. Mais les quatre bonhommes qui grattouillent, soufflent et tambourinent sur ce titre font sonner ce gros jazz funk à la façon des Meters. Derrière le saxophone ténor puissant, une cloche entêtante soutient le beat de batterie et la petite guitare crunchy de Joe Beck, qui se dédouble pour les chorus. Mais la basse ! L'énorme basse qui sature semble se faire titiller les cordes au médiator. A moins que le bassiste Herb Bushler ait les doigts en bois. N'en déplaise aux puristes, mais un petit accessoire de temps en temps ne gâche en rien le plaisir.

LP : Joe Farrell - Canned Funk - CTI - 1975


Sam Cooke - Bring It On Home to Me (1962)

On ne fera pas l'affront de présenter Sam Cooke, une des plus grandes voix de la soul, et fabuleux songwritter disparu trop tôt dans des circonstances pour le moins brumeuses. Les titres écrits et/ou interprétés par le bonhomme ont tôt fait de devenir des classiques, comme en témoignent sa reprise de Summertime, passée à la postérité, ou l'incroyable A Change Is Gonna Come, sorte de réponse black au Blowin' in the Wind de Dylan. Bring It On Home to Me fait partie de ces chefs-d'oeuvre, à tel point qu'il est introduit au Rock and Roll Hall of Fame's 500 Songs that Shaped Rock and Roll. Ce qui se traduit, grossièrement, par "meilleure chanson de l'univers". Puisqu'on vous le dit.

SP : Sam Cooke - Bring It On Home to Me - RCA Victor - 1962


Jimi Hendrix - Country Blues (1970)

Jimi, il faisait bien le blues avec sa guitare. Encore mieux quand il était accompagné de sa section rythmique la plus groovy : le Band Of Gipsys ! Avec Buddie Miles et son jeu de batterie chaloupé-funky et Billy Cox, sorte d'extension bassique du jeu de Hendrix. Le titre Country Blues, extrait d'une jam enregistrée en 1970, éclabousse de simplicité. Sur une grille tout ce qu'il y de plus douze mesures, le gaucher parvient à fabriquer du génie. C'est plus fort que lui. Il installe son riff en douceur, puis s'en éloigne, chaque grille un peu plus. Il nous rappelle que si les doigts de sa main droite fabriquent des solos aussi inspirés que techniques, le poignet sa main gauche n'oublie pas pour autant de secouer la rythmique. Les deux en même temps s'il le faut. Sinon, il y a un mec qui s’énerve avec son harmonica derrière. Le genre de petit chanceux qui a des trucs à raconter à ses petits enfants...

Le titre est présent sur de nombreuses compils fond de tiroirs dédiées à Jimi Hendrix. On a choisi celle estampillée Martin Scorsese Prensent The Blues. On retrouve également Country Blues sur le beau coffret The Jimi Hendrix Experience Box Set, édité en 2000.

LP : Martin Scorsese Presents The Blues - Jimi Hendrix ‎– MCA - 2003


Seven Eleven - Hot'n'Funky (2003)

Une bande de Hollandais P-Funk fait tourner son funk en Europe depuis la fin des années 1980. En 2003, Seven Eleven sort son album "Chaud et Funky" dont on écoute le titre éponyme. Une petite perle live qui présente l'équipe de musiciens véloces à grands coups de chorus impressionnants d'efficacité : basse, alto, clavier... Et cette fin sans fin qui fait plier les yeux par l'intensité de son groove.

 LP : Seven Eleven - Hot'n'Funky - JJ Tracks - 2003



Raashan Ahmad (feat Headnodic) - Remember (2010)

Aujourd'hui on s'envoie le hip-hop jazzy de Raashan Ahmad dans les oreilles. Ancien membre du crew Crown City Rockers le garçon s'est lancé en 2008 dans une carrière solo qu'il agrémente de collaborations multiples et variées (Jazz Liberatorz, Mighty UnderdogsChlorine Free). Avec Remember, le emcee du New Jersey distille ses bonnes vibes sur une production du beatmaker Headnodic pour un son qui déborde de clavier rétro et de basse qui s'étire.

LP : Raashan Ahmad - For What You've Lost - 2010 - Trad Vibes


Eddy Louiss - Come On D.H. ! (1989)

Eddy n'est plus... A 74 ans, l'organiste nous a quittés. 74... A peu de choses près le nombre de soufflants qui composent la Multicolor Feeling Fanfare de ce titre. Sous un soleil caribéen accablant, tous les musiciens marchent d'un pas lent pour accompagner le cortège funèbre. Les visages sont apaisés. Les proches savent qu'après cette longue introduction solennelle, le groove va se réveiller, poussé par quelques 70 souffles cuivrées. Une fanfare multicolore, tenue par un Eddy Louiss au visage souriant, mêlant les traits rigolards de Carlos au flegme de Mingus...

LP : Eddy Louis - Multicolore Feeling Fanfare - Nocturne - 1989


Deep Street Soul - What She Said (2011)

Du funk rugueux australien ! Deep Street Soul dégouline de guitare crunchy et de grosse basse martelée par la batterie. Le tout en qualité Lo-Fi fort bien-mal-faite. Il fait soleil toute l'année en Australie et la sueur de l'ingé-son a du bien couler entre les potars de la table de mixage pour que la galette soit si rapeuse. Le micro de la Chanteuse May Johnston, lui aussi, semble s'être oxydé prématurément à force de trop de sudation perlante sur ses composants. "C'est ce qu'elle a dit..."

LP : Deep Street Soul - Watch Out - Freestyle records - 2011


KC & The Sunshine Band - I'm Your Boogie Man (1977)

Deep Street Soul - What She Said (2011)

I'm Your Boogie Man de KC & the Sunshine Band, c'est l'histoire du croque-mitaine du disco-funk qui accompagne jusqu'au petit matin ceux qui aiment suer à grosses gouttes sur les dancefloor floridiens. Coquet et groovy, il vient habillé d'une combinaison de lumière à pattes d'éléphant, le poil long et soyeux, avec une section de cuivres, une belle ligne de basse et un riff disco. I'm your boogie man, turn me on. I'm your boogie man I'll do what you want.

LP : KC & The Sunshine Band - Part 3 - TK Records



The Crusaders - Put It Where You Want It (1972)

Envie de "cruiser" en bonne compagnie au volant d'une auto sans toit sur les bords de les mers ? Ce titre des Crusaders est fait pour ça. Avant les lives en demi-teintes qui réunissaient a contre-cœur les membres historiques pour fabriquer des sous, le groupe était en croisade pour le groove. Quand Joe SampleWilton Felder et Wayne Henderson n'avaient pas fâché leurs gros égos, les croisés étaient unis et envoyaient ce genre de petites pépites pour rouler les belles mécaniques. Faciles et efficaces. Du genre de celles que tu peux mettre ou tu veux...

LP : The Crusaders - Crusaders 1 - Blue Thumb Records - 1972


Reuben Wilson - Back Rub (1975)

Encore un titre pour se mettre tout nu... Une histoire de massage dans laquelle la masseuse semble avoir mis le doigt la ou Wilson aime ça : "Do It Again !" Avant de s'hexhiber devant le micro pour le label Cadet Records, l'organiste Reuben Wilson trainait son clavier chez Blue Note ou il partagea la galette avec le trompettiste Lee Morgan et le guitariste Grant Green. Trois album chez Groove Merchant plus tard et Reuben raconte ici comment il apprécie de se faire tripoter le dos... A grand renfort de clavinet, d'orgue Hammond B3 bien posés et épaulé par quelques sidemen d'envergure (Bernard Purdie, Pee Wee Ellis, etc.), la piste distille du sexe pur.

LP : Reuben Wilson And The Cost Of Living - Got To Get Your Own - 1975


Phillip Upchurch - What We Call The Blues (1972)

Le bluesman à troqué son vieux futal rappé et ses bretelles contre un costard sur mesure et un noeud-pap brillant. Enfiler une section de cordes à une grille de douze mesures peut donner cette impression. C'est ainsi parée d'une production élégante que le guitariste Phillip Upchurch a décider de nous expliquer "ce qu'on appelle le blues". Et pour avoir la classe jusque sur le cul de sa pochette, Phillip a confié la direction et les arrangements de l'équipe de violoneux et soufflants à Donny Hattaway, qui pique la chaise d'un Joe Sample entre deux croisades et lâche un petit coup de claviers au passage.

LP : Phillip Upchurch - Barkness, Darkness - Blue Thumb Records - 1972


Vince Staples - Norf Norf (2015)

Norf Norf, ça n'est pas le cris d'un cochon enrhumé, c'est le diminutif affectueux pour North Long Beach, un quartier angelino. Vince Staples a toujours du feu dans les joues quand il s'agit de raconter les gangs (le bleu des Crips pour lui) et les histoires crapuleuses de son quartier. Son flow élastique claque sur une prod hyptonique et minimaliste signée Clams Casino. Le garçon vient de livrer son album Summertime 06 qui déborde de ce genre de pépites guerrières et pourtant terriblement west coast.

LP : Vince Staples - Summertime 06' - 2015 - Def Jam Recordings

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