Le Jonc du sourd - Récap #19 (Spécial Brésil)

Un an après la coupe du monde de football, un an avant les Jeux olympiques de 2016, alors que le Brésil ne fait pas plus parler de lui que d'habitude, FunkyFlex a décidé de consacrer une semaine à la musique brésilienne. Comme ça, pour rien. Pour le plaisir comme disait le poète.




Airto - Tombon In 7/4 (1973)

On démarre cette semaine spéciale avec un incontournable : le Tombo in 7/4 du percussionniste Airto Moreira. Aucune volonté de rappeler, trois buts en plus, la défaite du Brésil face à l'Allemagne. Non. Le 7/4 se rapporte ici à la métrique du morceau. Une mesure impaire, que l'on peut diviser en sept noires... Un truc compliqué de musicien qui fait que ça merde quand on essaie de battre une pulsation régulière en tapant dans les mains. Un truc qui chaloupe.

LP : Airto - Fingers - CTI - 1973

Deodato - Love Island (1978)

 Mets-toi tout nu, enfile un slip en paille et va vite siroter la caïpirinha qui t'attend sous le parasol. Si, si, là bas. Tout prêt des jolies personnes dévêtues qui batifolent les pieds dans l'eau. Eumir Déodato t'accueille sur l'Île de l'amour... Et si tu es bien attentif pendant que tu profites du soleil. Vers le milieu du morceau, après qu'un rapide solo de clavier aura détendu tes oreilles, tu pourras te régaler des quelques notes offertes par monsieur George Benson qui passait par là. Et n'oublie pas de remettre ton pantalon avant de regagner la civilisation.

LP : Deodato - Love Island - Warner - 1978

Marcos Valle - Mentira (1973)

 Attention, double sens. Derrière la coolitude du Björn Borg de la bossa nova qui apparaît sous l'eau sur la pochette de Previsão do Tempo se cache un Brésil étouffé par la censure de la dictature. Avec Mentira, Marcos Valle tire le jazz brésilien vers ses plus belles frontières : des claviers moelleux, une guitare funky qui pique et un groove carioca qui tourne légèrement au ralenti. L’album marque la rencontre du surfeur et du groupe Azimuth (et son clavier Jose Roberto Bertrami) dont le son jazz-funk fait des merveilles.

LP : Previsão do tempo - Marcos Valle - Odeon - 1973

Chico Buarque - Construção (1971)

Poète, auteur, chanteur engagé habitué à se cogner contre la censure, Chico Buarque a appris à jouer avec les mots, les doubles sens. Ici, le récit tragique de la mort d'un ouvrier sur un chantier de construction est développé plusieurs fois. Chico Buarque reprend les mêmes phrases, échange deux mots pour en modifier le sens et donne ainsi l'illusion d'un même événement vue selon plusieurs points de vue. L'orchestre, un temps discret, s'impose doucement. Il devient omniprésent, répond au chanteur qui répond au chœurs. Les accords dissonent brillamment. Le drame se répète tandis que le ton monte et les idées de mélangent. Une chanson coup-de-poing-dans-la-gueule, intense et pesante qui finit dans une explosion et laisse l'auditeur hébété...

LP : Chico Buarque - Construção - Philips - 1971

Sabotage - Respeito É Pra Quem Tem (2001)

Aujourd'hui, on a décidé de s'écarter un peu du "Tchik-a-bãoum" qu'on associe le plus souvent à la musique brésilienne. On a jeté une oreille du côté du rap et après une rapide recherche, quelques noms sont sortis du lot. On a choisit Sabotage. Un type né dans une favela de São Paulo qui trafique un peu de drogue et se met au rap après sa sortie de prison. Repéré par Racionais MC's, un groupe de rappeurs brésiliens installés, ils produisent ensemble Rap É Compromisso. Unique album de sabotage qui voit sa carrière stoppée par balle en 2003. "Tchik-a-bãoum"...

LP : Sabotage - Rap É Compromisso - Cosa Nostra - 2001

Sepultura - Ratamahatta (1996)

En 1996, les brésiliens de Sepultura en ont eu marre de faire du Death Metal comme tous les autres, et surtout comme les ricains. Du coup, les voilà qui pondent un album au titre qui en dit long sur leurs intentions : Roots, sur lequel figure le nom-moins clair Ratamahatta, un titre qui mélange allègrement grosse grattes qui bavent et batucada. Et pour faire encore plus local, Max Cavalera et sa bande ont invité un petit jeune du coin, le sémillant Carlinhos Brown, pour venir pousser la chansonnette. Trop sympas ces chevelus !

LP : Sepultura - Roots - Roadrunner - 1996

Criolo - Bogotà (2011)

Parfois les rythmes brésiliens s'acoquinent avec l'afrobeat. Et l'un dans l'autre, ils sont bien. Percussions et beat culbutent une guitare rythmique, elle-même bousculée par des cuivres puissants. Une grande partie fine musicale sur laquelle Criolo (le Créole), chanteur-rappeur paulista, vient fredonner avec délicatesse. Un petit bout de la diversité de style de l'album Nó na orelha, produit par Daniel Ganjaman. Ce beatmaker-musicien-arrangeur, gros bonnet du hip hop brésilien, a donné une couleur "instrumentale" à des productions plutôt brutes.

LP : Criolo ‎- Nó Na Orelha (2011)

Banda Black Rio - Mr Funky Samba (1977)

Un petit clavinet souriant se fait une place au deuxième rang en poussant gentiment deux cocottes de guitare avec les fesses. Au premier rang, les cuivres posent le thème et la basse déroule sur le beat de batterie. Tout le monde est sur la photo ? L'image a un peu vieilli. On est en 1977. La samba-funk brésilienne s'invente tranquillement en fusionnant les fusions et Banda Black Rio n'y est pas pour rien.

LP : Banda Black Rio - Maria Fumaça - WEA - 1977

Skowa & Máfia - Deus me faça funky (1989)

Dans une version alternative du septième jour, Dieu participa à un grand threesome avec Adam et Eve. Ivre d'amour, il leur dit : "Soyez funky !" Et ils le furent. De vrais punks à serpent. Durant la Sainte décennie Seventies, The Headhunters propagèrent la bonne parole. Puis à leur tour, étourdis par ce message divin, Skowa & Máfia infusèrent l'évangile du groove au Brésil. Deus mes faça funky cara.

LP : Skowa & Máfia - La Famiglia (1989)

Grupo Pagode e Churrasco - Ainda resta uma Bagagem/Eu e voce Sempre/Amor e Amizad (2006)

Le pagode, au départ c’est une teuf. Mais une grosse teuf où le brésilien mange, boit et danse comme s’il allait mourir le lendemain. Classique des années 90, interprétée originalement par le groupe Katinguelé, cette version live nous plonge totalement dans l’ambiance de ces teufs mythiques ! Le pagode est aujourd’hui un genre de samba à part entière. Ça sent la sueur et la caïpi ! Impossible de rester assis !

LP : Grupo Pagode e Churrasco - Grupo Pagode e Churrasco ao vivo (vol.1) - Universal - 2006

Cartola - Verde Que Te Quero Rosa (1977)

Comment boire le café avec classe pour illustrer la pochette de ton disque ? Pour commencer, choisis une soucoupe rose et une tasse verte, aux couleurs de l'école de samba que tu as fondée à Rio à la fin des années 1920. Fume. C'est très élégant de fumer. Porte une grosse paire de lunettes d'aviateur, trop grandes pour ta petite tête séchée par la vie. Derrière le noir des verres, elles laisseront deviner ton regard buriné par une existence remplie de hauts et surtout de bas. Tes succès, tes amours mortes, tes petits boulots, les moult cachaças ingurgitées et tes joies retrouvées constitueront le terreau naturel des sambas douces et nostalgiques que tu auras enregistrées, à 65 ans passés, sur ton premier album. Alors, à presque 70 printemps, tu sortiras ton troisième disque. Et seulement, sur la pochette de celui-ci, sans te forcer, tu sauras boire le café avec l'assurance de ceux qui ont vécu fort...

Cartola ‎– Verde Que Te Quero Rosa - RCA - 1977

Wilson Simonal - Nem Vem Que Nao Tem (1967)

"Tu veux ou tu veux pas ?" Si c'est Bardot qui chante, bof... Je veux pas trop. La version de Zanini, à la rigueur, pour l'orchestration un peu plus groovy. Le mieux reste encore d'écouter la version originale du Carioca Wilson Simonal

LP : Winston Simonal - Alegria, Alegria !!! - 1967 - Odéon

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