Le Jonc du Stone - Récap #6

Cette semaine le Jonc du sourd avait troqué sa surdité contre du cailloux (?) et devenait : Le Jonc du Stone, avec pour thématique : les reprises groovy des Rolling Stones.  Pour l'occasion vous avez eu droit à deux Joncs par jour. Le récap est donc deux fois plus conséquent. Vous trouverez les dix reprise dans la playlist ci dessous et les huit originaux des Rolling Stones, dans une autre playlist à l afin de cet article.




Maxayn - You can't Always Get What You Want - 1972

S'il fallait choisir un seul album des Stones, je choisirais "Let it Bleed". Et pour pousser plus loin le jeu con des "s'il fallait choisir", s'il fallait choisir un titre sur cet album, je choisirai "You Can't Always Get What You Want". Un titre qui groovait déjà avant la reprise de Maxayn. Mais Madame Paulette Parker, ancienne "ikette" devenue Maxayn Lewis quand elle prît le nom de son clavier de mari, sût apporter le petit plus de chaloupage funky qui manquait à ce monument des Stones. Peut-être grâce à la grosse basse ronde et rebondie ? Aux cuivres entêtants ? Au clavinet et à l'orgue d'André Lewis ? - Notons que le clavier amoureux a également enregistré chez Motown sous le pseudonyme Mandré, une soul psychédélique fort intéressante - Ou peut-être tout simplement grâce à la voix puissante et sensuelle de Maxayn ? En tout cas, ça groove salement !

LP : Maxayn - Maxayn - 1972 - Capricorn Records
LP :  Rolling Stones - Let It Bleed - 1969 - Decca

Ruth Copeland - Gimme Shelter (1971)

Il faut parfois se méfier des apparences : la jeune nymphette "en maillot de bain deux pièces de style peau rouge" qui orne joliment la pochette de "I am what i am" est furieusement rock & roll. C'est que la dame a du coffre. Ce qui lui permet de se faire repérer par Jeffrey Bowen, un producteur de chez Motown (où il s'occupe entre autre de deux albums des Temptations). Il engage la belle qui sera ainsi la première chanteuse blanche à cachetonner pour le label de Detroit. Lorsque Dozier-Holland-Dozier quittent Motown pour fonder Invictus, ils emmènent dans leurs bagages Bowen, qui s'est marié avec Ruth. Ils débauchent également de chez Motown un jeune chanteur de Doo Wap, du nom de George Clinton, qui vient de former un groupe de rock-funk-psychédélique, The Parliament avec Billy Bass Nelson, Eddie Hazel, Bernie Worrell et Tiki Fulwood, Ruth collabore alors activement à leur premier album sur Invictus et c'est donc tout naturellement que les gars backent en studio et sur scène la demoiselle. Les deux albums de Ruth Copeland sont donc avec Osmium les témoins d'un temps où Parliament-Funkadelic etait un groupe de Rock qui partageait quelquefois la scène avec des "petits groupes locaux" comme les MC5 et les Stooges. J'ai toujours su que Papa George était un Punk ! Let it Bleed !

Lp : Ruth Copeland - I Am What I Am 1971 Invictus
Lp : Rolling Stones - Let it Bleed 1969 Decca

Alice Russell - Brown Sugar (2011)

A la fin des années 1960, le "Brown Sugar" de Mick Jagger, c’est Marsha Hunt sa "régulière", ou Claudia Linnear, une choriste qui accompagne les Stones en tournée. Mais le "sucre brun", c’est autre chose, et Keith Richards en a plein les poches (et pas que) à l‘époque. Pas étonnant donc que le monsieur aux grosses lèvres parle de la combinaison femmes-stupéfiants quand il faut expliquer les lyrics. Mais le bon groove du morceau vient surtout de cette guitare blues-rock et du saxo en fond qui feraient danser les morts. Keith Richards, le maître auto-proclamé du riff sexy, accorde à Jagger la paternité de la compo, tout en râlant de l’avoir ratée. En 2011, le magazine Mojo rassemble la crème des artistes soul et publie, via son label, un album de covers "re-grooved" du classique "Sticky Fingers" des Stones. Ils ont la bonne idée de faire appel à Alice Russell, la blondinette du Suffolk à la voix soul qui sent bon les rives du Mississippi, pour reprendre "Brown Sugar". Elle donne une version, old school et très organique, de cette pépite rock indémodable. "Brown Sugar, how come you taste so good…"

LP : Various - Sticky Soul Fingers (A Rolling Stones tribute) - Mojo magazine (2011)
LP : The Rolling Stones - Sticky Fingers - Rolling Stones Records (1971)

Blood Sweat & Tears - Symphony for the Devil (1970)

Avec une intro et toute une ambiance qui ont le mérite de rendre un bel hommage aux Floyd, la voix de David Clayton-Thomas sort du fond des oreilles pour lancer une batterie plus groovy que jamais. "Blood Sweat & Tears 3" est les 3e opus du groupe (on soulignera l’ingéniosité des gus). Le groupe est au top de sa forme et de sa notoriété.
Très dissonante, cinématique et bien évidemment groovy, cette reprise est un véritable OMNI (Objet Musical Non Identifié).
"Please to meet you, hope you guess THEIR name !" BS&T baby !

LP : Blood Sweat & Tears - Blood Sweat & Tears 3 - 1970 - Columbia
LP :  Rolling Stones - Beggars Banquet - 1968 - Decca

Merry Clayton ‎- Gimme Shelter (1970)

Merry Clayton se souviendra de la nuit du 2 novembre 1969 quand, enceinte jusque derrière les oreilles, les Rolling Stones l'ont appelée pour venir exploser les potards de la console des studios Sunset Sound & Elektra de L.A. Elle en profite pour passer à la postérité comme LA voix féminine des Stones et, tant qu'à y être, sort sa propre version l'année suivante, avec la même gouaille et des cuivres qui pètent dans tous les coins. Ça vous apprendra à la réveiller au milieu de la nuit, bande de gros malins.

LP : Merry Clayton ‎- Gimme Shelter - 1970 - Ode Records
LP :  Rolling Stones - Let It Bleed - 1969 - Decca

The Meters - Honky Tonk Woman (1976)

"I met a gin soaked bar-room queen in Memphis" : le ton est posé dès les premières notes emblématiques de ce titre des Stones, repris ici d'admirable façon par The Meters, qui viennent y poser leur groove lascif - une basse qui traîne un peu, une voix suave - tout en conservant la moelle bluesy. Ca sent le bayou, les bottes en croco, les bars chargés de vapeurs d'alcool et de fumée, la sueur de la Nouvelle-Orléans. Et on en redemande.

LP : The Meter - Trick Bag - 1976 - Reprise (la version de la vidéo est extraite de la compilation "Satisfaction - Covers & Cookies Of The Stones" sortie en 2005)
SP : The Rolling Stones - Honky Tonk Women / You Can't Always Get What You Want - 1969 - Decca

Sharon Jones and the Dap Kings - Wild Horses (2011)

Les lecteurs du n° 218 du magazine anglais MOJO furent heureux de découvrir, enserré dans leur magazine préféré, une compilation CD intitulée "Sticky Soul Finger" et décrite ainsi dans les liner notes : "The classic 1971 album re-grooved by Sharon Jones & The Dap-Kings, Aloe Blacc & Joel Van Dijk, Black Joe Lewis, The Bamboos, Naomi Shelton & The Gospel Queens, Alice Russell, Ren Harvieu and more..." Voilà qui donne envie !
La poignante ballade "Wild Horses" va comme un gant à la diva soul Sharon Jones qui peut exprimer à merveille son talent pour chanter l'amour qui fait mal et qui pique fort. Et qui, mieux que les Dap Kings, des petits prodiges de Daptones records, Bosco Mann et Sugarman, pour ressusciter le son du légendaire studio Muscles Shoals où fut enregistré la version originale ?

Lp : Various Artists - Sticky Soul Fingers. A Tibute to Rolling Stones 2011 Mojo
Lp : Rolling Stones - Sticky Fingers 1971 Decca

Ike & Tina Turner (and The Ikettes) - Honky Tonk Women - (1970)

Janvier 1969. En vacances dans un ranch brésilien avec leurs moitiés, Jagger et Richards se prennent pour des gauchos et composent un morceau à la Hank Williams, les "chicks" adorent, "Honky Tonk Women" est né. Enfin, plutôt "Country Honk", sa version country, qui sort sur l’album "Let It Bleed" en décembre de la même année. Mais entre temps, les Stones ont enregistré une version aux teintes beaucoup plus rock, électrique, presque funky avec Mick Taylor qui a remplacé un Brian Jones au bout du rouleau. "Honky
Tonk Women" sort en single en juillet 1969, peu de temps après la disparition de Sir Jones, le fondateur et grand architecte du son du groupe au cours des années 1960. A la même époque, Ike et Tina Turner accompagnent souvent les pierres qui roulent en tournée, Mick Jagger s’occupant principalement des Ikettes. Pas étonnant donc, que sur la galette "Come Together" (1970), le duo reprenne le tube. Avec Ike à la guitare, la voix de rockeuse soul de Tina Turner, des Ikettes sexy en diable et une section de cuivres, le titre se trouve une déclinaison résolument rythm’n’blues.

LP : Ike & Tina Turner (and The Ikettes) – Come Together (1970 – Liberty)

EP : The Rolling Stones - « Honky Tonk Women » (1969 – Decca)

LP : The Rolling Stones – « Let It Bleed » (1969 – Decca)

Etta James - Miss You (2000)

Vous voulez de la diva ? BIM !
MADAME Etta James, 60 printemps révolus (en 2000), toujours habitée par le blues, le gospel et la soul (et 2 ou 3 kg superflus…), nous propose un cover du Miss You des Stones.
La "Matriarche du Blues" porte plus que jamais bien son nom, puisque ces 2 fils sont les producteurs et section rythmique de l’album (Doto / Drums et Sametto / Basse).

LP : Etta James ‎- Matriarch of Blues - 2000 - Private Music (BMG)
SP :  Rolling Stones - Miss You - 1978 -Rolling Stones Records


The Bamboos - Can't You Hear Me Knocking (2011)

Voilà un petit bijou des Stones bien difficile à reprendre. Mais les Australiens de The Bamboos n'ont pas eu froid aux yeux et se sont attaqués au gros bifteck. Plutôt que de calquer à l'identique le déroulement du titre et prendre le risque de faire moins bien que l'original, Les Bambous on tassé les sept minutes des Rolling Stones dans à peine quatre. Ils ont repris le merveilleux riff d'intro avec une section cuivre et ont transformé un riff de la fin du morceau en ligne de basse. Un parti pris audacieux qui a payé puisque cette version funky soul australienne de "Can't You Hear Me Knocking" sonne remarquablement bien et distille une énergie communicative.

Comme deux autres titres de cette semaine consacrée aux reprises groovy des Stones, le titre est extrait de la très bonne compilation "Sticky Soul Finger (A tribute To The Stone)", édité par le magazine Mojo et qui reprenait tous les titres des l'album "Sticky Finger".

LP : Various - Sticky Soul Fingers (A Rolling Stones tribute) - Mojo magazine (2011)
LP : The Rolling Stones - Sticky Fingers - Rolling Stones Records - (1971)

Et pour finir : Les originaux des Rolling Stones


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