[Chronique] Klub Des Loosers - Le Chat et autres histoires (2017)

Back dans les bacs ! Après un album avec Orgasmic, sous le nom Fuzati et une tournée avec un groupe live, le rappeur masqué rempile avec son Klub Des Loosers.


Fuzati a mis à profit son amour des claviers vintages. Avec ses instrus pleines de musiciens (Hadrien Grange à la batterie ; Benjamin Kerber à la basse et à la guitare ; Fuzati aux claviers), il prolonge la partition qu'il avait partagée en studio pour les vingt ans de Tricatel, le label de Bertrand Burgalat, son idole. Son anti-idole. Fuzati n'a pas d'idole. Il s'idolâtre lui-même. - Rappelons au passage que le mc des Loosers n'est qu'un personnage. En vrai, un monsieur qu'on ne connaît pas écrit des chansons qu'il fait interpréter par un avatar masqué au spleen décuplé.

Et cet avatar n'a pas trop changé. Il évolue. Le live band et les refrains chantés sont les évolutions les plus notables. Mais le Klub continue de faire pousser la défaite dans le terreau qui nourrissait ses premiers albums. Comme une marque de fabrique, les punchlines de fins de couplets sont soignées et amenées judicieusement - "Tout le monde te saute comme la préface". Elles ponctuent les labyrinthes de phases enchevêtrées - "Comprendre la gravité c'est regarder chuter les corps". Souvent piquantes, parfois violentes, elles veulent marquer - "On ne laisse jamais son empreinte quand on prend trop de gants". Le flow reste hors du temps et l'ego trip, extrême et séduisant, est devenu plus mature.



Car le personnage a vieilli. Toujours cynique et violent dans ses mots, le président du Klub des perdants a mis de l'eau dans sa bière. Il envisage et rate une vie de couple - "Plaisir de ne rien t'offrir, joie de te décevoir". Il prend un chat, une dame. On confond. Il traîne ses clowns tristes entre le lit d'une mère d'enfant malade et celui de deux groupies de promo. Toujours loin des humains qu'il n'exècre pas tant que ça, le vilain monsieur devient touchant quand il décrit les petits enfants chauves à l'hôpital. Et le désespoir de cette maman en manque de vie.



S'il n'est pas réellement un concept album, Ce nouvel opus ne se contente pas de compiler des titres aux orientations plus pop. Il se déguste comme un recueil. L'objet Fuzatti et ses textes finement ciselés cimentent l'ensemble. On écoute l'intime journal plein d'états d'âme d'un inadapté léger qui continu de vouloir exister plus fort, sans l'autre. Compliqué. Beau.

LP : Klub Des Loosers - Le Chat et autres histoires - Ombrage Editions - 2017

@JeanRemyGoub

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