[Chronique] Run The Jewels - Run The Jewels 3 (2016)

A Christmas fucking Miracle. C'est un peu ce qu'ont réalisé El-P & Killer Mike en déballant les bijoux pour la troisième fois, par surprise, le jour de Noël. Après les succès commerciaux et critique des deux premiers opus, la bromance de quadras la plus cool du rap actuel, avance dorénavant en totale indépendance en quittant Mass Appeal. Run The Jewels 3, RTJ3 pour faire court, assure la cohérence du projet, à laquelle s'ajoute une urgence, en écho à l'année politique américaine.

Il y a quelque chose de rassurant chez RTJ, ils gardent les mêmes habitudes : Graphisme familier (même si les bijoux ont disparu), DL gratuit ou jolis bundle en physique pour les collectionneurs accros aux stickers et le talent pour produire des head bangers en veux-tu en voila d'opus en opus.
Parmi les titres à faire dodeliner de la tête : Panther Like a Panther (Miracle Mix) avec Trina pour le délire électro ou Legend as it, si on est plus pêche de cuivres. Hey Kids (Bumaye) est un appel à tout foutre en l'air sur lequel Danny Brown vient nasiller sur un gros (le plus gros ?) couplet de la galette.



Côté production, le décor fourmille de collages divers : instruments, bruits de jeux vidéos, nappes de claviers acides. Les penchants bruitistes d'El-P s'expriment toujours. Le tout vient chatouiller des tympans violentés par des beat toujours plus radicaux et variés, comme sur Call Ticketron ou Stay Gold. Petite nouveauté, Jaime El-Producto Meline s'est entouré de quelques "adjoints", Little Shalimar et Wilder Zoby. Conséquence ou non, l'ensemble a plus de liant, est plus "arrangé", et file sans accroc. Les cervicales chauffent toujours, mais les tête se remplissent.
En effet, difficile de dissocier l'album des Trumpitudes américaines. Et Killer Mike, très engagé dans la campagne, n'a pas eu l'occasion de se calmer. Le track 2100, (feat BOOT en vocalise) rappelle les titres plus "planants" comme Early - avec BOOT, déjà. Il a été lâché le 9 novembre, lendemain de l'élection américaine et sonne autant comme un appel au calme qu'à un avertissement sur la guerre qui vient, How long before the hate that we hold lead as to another Holocaust. Le discours est toujours "conscient", politique et emprunt de la tristoune réalité du moment. Peu importe, tant le beat et les saillies acides donnent du courage.



Les feat sont de qualité et triés sur le volet, certains sont des habitués, JOI entame l'album dans le calme sur Down, Kamasi Washington pose un saxophone délicat sur le très sombre Thursday in the danger room et c'est à Zack de la Rocha que revient la tache de clôturer l'album sur un double morceau A Report to the shareholders : Kill Your Masters. La garçon est toujours en colère et le titre agit comme en écho à Close your eyes (and count to fuck) sur RTJ2. Bref, ça sent la colère, les mâchoires serrée, l'appel à la révolte.



Rares sont les suites qui marchent, Run The Jewels livre le troisième volet d'une trilogie sans baisser le pied, et vu la tournure des évènements, les 4 années à venir devraient donner matière aux deux buddy pour faire un RTJ4...

LP : Run The Jewels - Run The Jewels 3 - 2016 - Run The Jewels, inc.

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