[Chronique] Sage Francis - Rap barbu depuis 2002

On a déjà évoqué, sur ces pages numériques, Sage Francis et son hip-hop mâtiné d'influences diverses et variées. Oscillant dans ses textes entre brûlot politique et intimité, le bonhomme ne s'est jamais tellement attardé sur un style ou un discours particulier et se pose en parangon de la diversité musicale, n'en déplaise aux mélorigides de tous bords. Dernier né de l'esprit torturé du gros Floridien barbu, Copper Gone, toujours chez Strange Famous records, qui a déjà fait l'objet de deux clips, dont le très émouvant Make'em Purr. L'occasion d'une petite rétrospective.




2002

Sage Francis officie depuis déjà quelques années. Il a pondu des EP avec les Non-Prophets, mais passe à la vitesse supérieure en sortant son tout premier album, Personnal Journals, chez anticon., un petit label indépendant fondé notamment par l'excellent Odd Nosdam. Si la production du LP reste discutable, il n'en récoltera pas moins d'excellentes critiques, avec des titres tels que Crack Pipes, Personal Journalist, Smoke and Mirrors, Inherited Scars ou le magnifique slam Hopeless (à 05:00 sur la vidéo ci-dessous), tous différents les uns des autres, mais néanmoins très cohérents.



2005 

"You are listening to the heartbeat of the Sage", c'est ainsi que le deuxième album de Sage Francis s'ouvre avec The Buzz Kill. Forcément, avec un premier album aussi impressionnant, Sage Francis n'a pas eu de mal à attirer l'attention sur lui, et c'est ainsi que Epitaph Records lui fait les yeux doux pour A Healthy Distrust. La production de l'album est excellente et s'il est un poil moins varié que le précédent, il n'en est pas moins excellent et propose des titres d'anthologie, tels que Sea Lion, Escape Artist, Agony In Her Body, Bridle, ou Dance Monkey, dont le clip, qui n'a pas grand chose d'officiel, s'est amusé à détourner les images de Weapon of Choice de Fatboy Slim. Là encore, l'album est un carton. Fucking Francis.



2007

Toujours chez Epitaph, Sage Francis publie son troisième LP, Human the Death Dance, plus dans l'esprit du premier album, oscillant entre hip-hop classique et influences rock et jazz. A noter que, le succès aidant, Sage Francis a participé à la bande originale du film Le Prix de la loyauté avec Edward Norton en posant sa voix sur des compositions produites par Mark Isham, le compositeur des musiques originales du film. Un mélange étonnant mais réussi, puisque les titres fonctionnent à merveille dans le film, sans pour autant détonner sur l'album. On retiendra donc Civil Obedience, Clickety Clack ou Call Me François et, dans la catégorie bande-originale, le magnifique Water Line.


2010

"Life is a Lie, with an F in it." Le ton semblait donné, Li(f)e n'était pas parti pour sentir bon le sable chaud. C'était mal connaître la capacité à surprendre de Sage Francis qui, s'il peut faire preuve d'un certain cynisme et n'hésite jamais à opposer au monde son regard critique, le fait toujours avec une bonhomie bienveillante et une générosité sans faille. Au final, Li(f)e est un album d'une grande richesse, tant au niveau de la composition que des textes, qui peuvent se montrer terriblement personnels, comme en témoigne le très beau The Best of Times, composé par Yann Tiersen. On retiendra aussi Little Houdini, I Was Zero, Diamonds and Pearls, 16 Years ou l'amusant London Bridges.


2014

Copper Gone est donc le dernier-né de l'écurie Francis. Le petit nouveau que l'on attendait de pied ferme, rien que pour voir si un tel concentré de talent pouvait vraiment s'étaler sur 10 ans. D'autant que le facétieux rappeur avait fait une petite frayeur à son public, en annonçant qu'il allait faire une pause après Li(f)e. Finalement, la pause aura été de courte durée et Sage Francis est revenu avec un album fait-maison. Il est édité par Strange Famous Records, le label qu'il a fondé à la fin des années 1990 pour publier ses EP et autres singles entre deux grosses sorties. Le premier titre , Pressure Cooker, interroge : "Where have you been?" Sage Francis répond à son public : "I've been busy doing stuff!" Quatre années passées à peaufiner un très bel album, dont les titres, résolument plus rentre-dedans et orientés électro que ceux de ses prédécesseurs, se payent le luxe d'une production aux petits oignons. Et si Sage Francis a choisi ID Thieves comme deuxième single de cet album, difficile de conseiller un titre plutôt qu'un autre : Copper Gone est un chef-d'oeuvre de plus à ajouter au crédit de Paul "Sage" Francis.



@cedriclemen

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