[Chronique] Ghostface Killah & Badbadnotgood - Sour Soul - (2015)

De prime abord, une collaboration entre Ghostface Killah, l'Ironman du Wu-Tang, et le trio jazz Torontais de Toronto Badbadnotgood (BBNG, pour faire court) pourrait étonner. Mais en se penchant sur leurs productions, ça l'est moins. Dernièrement, le tueur à la tête de fantôme a pris l'habitude de confier les clés musicales de ses galettes à des artistes et/ou groupes pour des compos plus "instrumentales". Il a ainsi fait appel au soul band The Revelations sur le très réussi 36 seasons (2014).
Les gamins de BBNG se sont rencontrés sur les bancs de leur école de jazz mais ils aiment le hip-hop. Ils se sont fait connaître en parti en reprenant (et en faisant "sonner") quelques succès de rappeurs. En particulier Tyler the Creator dont il ont rejoué les productions pas vraiment "musicales". Le trio de base est composé de Matthew Tavares au clavier, Chester Hansen à la basse, et Alexander Sowinski à la batterie. Aucun des trois n'a 25 piges mais chacun semble doué de multiples talents d'instrumentistes.

Pas d'académisme d'étudiant en jazz à attendre des canadiens. Ils ont un certain talent pour flirter avec les limites de leur genre. On passe du minimalisme des notes piquées de Six Degrees (feat. Danny Brown) à Experience, Stark's reality ou Ray Gun, tout droits sortis d'un score de James Bond avec cuivres et cordes débridés. Gunshowers (avec Elhzi, ex Slum Village) ou Street Knowledge (feat. Tree) résonnent de quelques notes éparses. Un peu fatigué, on peut entendre des animaux marins sur la complainte Tone's Rap.

Le tout est arrangé de manière soyeuse. Le taquineur de fût a la frappe sèche et nette. La guitare est souvent fuyante et délicate. Ici, on fraye avec respect. Le trio agit souvent par touches discrètes, sans s'imposer de trop. Le Ghost est un peu en retrait (et absent de trois morceaux), mais son flow border-sanglot est intact.

L'album passe comme une petite caresse - de 33 minutes seulement - sur les tympans et les quelques guests amènent leur saveur. Sour soul rappelle surtout que les collaborations groupe live/rappeur sont souvent délicieuses.



@Choapuech

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