[Chronique] Lost Highway - Bande originale d'une folie...

L'asphalte défile sous les phares d'une voiture lancée dans la nuit noire, sur une musique électro au tempo affolé et syncopé. "I'm Deranged", chante David Bowie, nous propulsant directement dans l'univers inquiétant de Lost Highway, film de David Lynch sorti en 1997.
Fred Madison est un saxophoniste qui a le cerveau un peu malade (comme son nom l'indique). Son voyage intérieur, le long d'une route perdue en forme de ruban de Möbius, est indissociable d'une bande originale qui colle aux plans composés comme des tableaux par le cinéaste. En plus de son fidèle scorer Angelo Badalamenti, Lynch s'adjoint les services de l'Anglais Barry Adamson, féru de cinéma et d'étrangeté. Fred (Bill Pullman) se jette des coups tout seul derrière la cravate à une cocktail-party branchouille qui a pour fond sonore Something Wicked This Way Comes. Elégant et jazzy, ponctué de cuivres lourds de mauvais augure, le morceau s'éteint au moment précis où un mystérieux personnage-clé s'introduit dans le cadre. On y trouve du Spooky de Mike Shapiro, du Blue Lines de Massive Attack, et même les "shalalala" du Temps des souvenirs.

Playlist :
1/ David Bowie - I'm Deranged
2/ Barry Adamson - Something Wicked This Way Comes
3/ Antonio Carlos Jobim - Insensatez
4/ Lou Reed - This Magic Moment



Alter ego fantasmé du héros, le jeune garagiste Pete Dayton est allongé en jogging et pantoufles dans le jardin familial. Il vient de connaître le pire réveil de sa vie, et il a encore le crâne en capilotade. A l'image du film, la musique est passée sans prévenir de l'obscurité à la lumière : c'est sur Insensatez, petites touches de mélancolie et de calme volupté d'Antonio Carlos Jobim, que le brave garçon tente en vain de comprendre ce qui vient de lui arriver.

Avant de siroter des tisanes en pyjama, Patricia Arquette avait les atouts nécessaires pour jouer les femmes fatales. Beauté platine à la grâce vénéneuse, elle tape dans l'oeil et le slobard de Pete en sortant au ralenti d'une décapotable. La scène est portée par This Magic Moment de Lou Reed, reprise des Drifters avec des guitares à la fois planantes et menaçantes.

Sous la baguette de Lynch, on dérive dans l'image et le son sur la route torturée de Madison. Elle conduit chez Rammstein à une explosion de violence saturée, quand il décide d'avoir une explication musclée avec le responsable de sa faillite conjugale.
Puis Bowie chante à nouveau I'm Deranged, et la boucle est bouclée.

LP : Various - Lost Highway - Nothing Records / Interscope Records - 1996

@Alfdeaf

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